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23 seau chargea M. de la Touretle de le faire inscrire parmi les souscripteurs de la statue de Voltaire (1), en disant que puis- que tous les auteurs avaient le droit de souscrire, il avait payé le droit assez cher pour oser y prétendre. La lettre qu'il écrivit à ce sujet fut insérée dans un journal. Voltaire , in- quiet, s'adressa aussitôt à M. de La Tourette pour savoir si cette nouvelle était vraie. « J'ai peur, écrivait-il, que les gens de lettres de Paris ne veuillent point admettre d'étranger ; c'est une galanterie toute française. » Après avoir séjourné quelque temps à Lyon, dans la famille de M. Bois de la Tour, Rousseau se rendit à Paris par Dijon. Dans sa première lettre sur la botanique, adressée à M. de la Tourette, avec lequel il avait herborisé, il lui rend compte de son voyage. Il me reste une dernière chose à dire sur le séjour de Jean- Jacques Rousseau dans notre ville. A Roche-Cardon, se trouve une petite vallée qui présente aux amateurs de la belle na- ture de jolis aspects , des points de vue étendus , et qui est couronné au nord par la Fontaine du Rozet, située dans un bois où Jean-Jacques Rousseau se plaisait à errer, loin de la société des hommes et du tumulte de la ville. On arrive à cette fontaine par un sentier escarpé et taillé dans le roc ; au bout de la montée, en pénétrant dans le bois , au fond d'une vallée ombragée, on voit une petite grotte entourée d'arbres, dont les branches enlacées forment une voûte de feuillage fraîche et sombre. C'est de là que sort la fontaine avec un doux murmure. L'écorce des arbres porte les noms des per- sonnes qui sont venues en pèlerinage dans cet endroit pitto- resque ; celui de Rousseau ne s'y lit pas., mais un voyageur prétend l'avoir trouvé inscrit sur une pierre fruste, et brillant au milieu d'une foule de noms ignorés. Un sycomore porte la devise si connue de l'auteur d'Emile : Vitam impendere vero (2). ( i ) Voir Musset-Pathay, et les CARACTÈRES DE L'IMAGINATION, par Chassagnon, tom. IV, pag. 47 e t suiv. (2) FRANCE PITTORESQUE.