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19S accompagné d'vn ardent désir qui ne m'abandounoit iour ny nuit, veillant, dormant, ny lisant, d'auoir encore un iour ce bien et ce contentement en ce monde, de reuoir ma pa- trie ; et m'adressant pour cet effet à Dieu, avec la prière du bon père de l'ancien Testament, Bersolai Galaadite, ie luy disois à mains iointes : Obsecro, Domine, ut revertar servus tuus, et moriar in civitate mea, et sepeliar iuxta sepulcrum patris met. Dieu sçait si, lorsque ie trouuois parmy les his- toires quelque chose de notre ville de Lyon, s'il estoit bien: receu , et s i , après l'avoir leu et releu par diuerses foyes, auec vn plaisir et indicible contentement, ie fallois d'en tenir mémoire sur des papiers à part, pour souuent rafrais- chir la souuenance (1). » Il y a dans ces réflexions quelque chose de singulièrement recueilli et mélancolique pour une ame de ligueur ; la prière à Dieu, ce regard jeté vers la patrie, ces lectures avides, quand il s'agit de Lyon , voilà qui fait de l'ostracisme de Rubys, le plus beau moment peut-être de toute sa vie. Au milieu de ce calme et de cet isolement, il dut se replier sur lui- même plus d'une fois , et renoncer à ses illusions politiques. C'est, en effet, ce qui arriva; ce fut encore ce qui lui valut sa grâce et son rappel dans sa ville natale. Pomponne de Bellièvre fut pour beaucoup dans la faveur accordée à Rubys, et celui-ci, en témoignage de gratitude , se fit un devoir de dédier au chancelier de France (2) l'Histoire véritable de la ville de Lyon, qu'il rapportait de son exil, et qui parut en 1604; Lyon, Bonaventure Hugo, in-fol. « De Rubys est ex- cellent , dit le P. de Colonia, pour tout ce qui est de son métier, c'est-à -dire pour tout ce qui concerne les privilèges (1) Epistre dédicaloire. (2) A très illvstre , très saige et très vertvevx seigaevr , messire Poraponio de Bellièvre , chevalier, seigoevr de Grignon , grand chancelier de France. — La dédicace est datée ; « De vostre maison de 1*Anticaille sur Lyon, ce dernier jour de décembre. M. D. C. » 13