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  se passionneaussiquelquefoiSjsans comprendre,pour des doc-
  trines fausses, des goûts absurdes, des points obscurs et inin-
  telligibles de dialectique ou de théologie, par exemple. Et
  il met dans ses réactions fréquentes , dans ses rétractations
 inattendues tout le fiel, tout l'acharnement qu'il montrait
 naguère dans un autre sens. Ce bon peuple a été juste quel-
 quefois dans la répartition de ses bonnes grâces ; mais qui
 saurait me dire où était le bon peuple , la sage, la saine par-
 tie du p e u p l e , lorsqu'il se divisait en deux parts pour sou-
 tenir au Cirque ici les verds et là les bleus ? Le peuple criait:
 vive le roi aux côtés d'Henri IV, e t , à dix pas , il était égorgé
 pour la Ligue : quel était donc alors le vrai peuple? Les roya-
 listes ou les forcenés sectateurs de MM. de Lorraine? Le
peuple voulait la F r o n d e , mais le même peupla soutenait
Mazarin. Le peuple pendait les aristocrates aux lanternes et
se ruait autour de la Guillotine ; c'était le b o n , le digne peu-
ple alors ; mais plus tard il attendait en souriant l'étranger
en a r m e s , et il agitait des oriflammes à l'entrée de nos amis
les ennemis, et il reçut avec enthousiasme ces Bourbons ché-
ris, adorés, impatiemment attendus, et il leur prodigua l'amour,
l'argent, les c r i s , les drapeaux b l a n c s ; alors surtout ce fut
le b o n , le digne peuple. Toutes ces opinions si diverses, si
incohérentes, si cruellement soutenues et prouvées, n'étaient-
elles pas les opinions du peuple?
   De quel droit vient-on donc m'opposer l'opinion soi-disant
unanime du peuple? car qui sait si le romantisme artistique,
même tel que le conçoivent les privilégiés, n'est pas de force
à jeter les fondations d'une solide puissance, malgré les bas-
sesses académiques, les tortures infligées à la pensée par
ordre d'en-haut, la levée de boucliers, le canon d'alarme et
tant d'autres drôleries!
  Ce que je vois de plus clair dans ce grand conflit d'idées
plus ou moins bonnes et spirituelles, c'est que les arls sont
pour le moment pris en tutelle par un système. C'est que
quelques hommes spéciaux plus ou moins éminents, voyant