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4? loriens, que d'intrépides poètes dorment aujourd'hui paisibles dans la t o m b e , scellés p a r l a fatale main de l'oubli! combien d'autres ne secouent leurs chappes de plomb qu'au bruit des pas d'un philologue patient et curieux qui vient les réveiller de leur sommeil! — Ainsi en est-il de Symphorien Champier, que son siècle admira p o u r t a n t , et que les contemporains se plurent à célébrer p a r l e s louanges les plus mirifiques ; mais l'on sait tout ce que valent ces flagorneries d'un aveugle en- thousiasme, ou bien ces illusions sincères de l'amitié. Le temps arrive, qui en fait justice; n'était cela, nous aurions trop de grands h o m m e s , trop d'illustrations dans tous les genres, et l'habileté et le savoir abonderaient dans l'histoire, comme les vertus dans les morls de nos cimetières ; ces deux vastes nécropolis n'auraient pas grand'chose à se disputer. Champier naquitvers 1472, à St-Symphorien-le-Château (1), petite ville du Lyonnais ; Claude Champier, son père , naquit aussi dans la même ville , e t , comme la plupart des cadets, vint chercher fortune à Lyon (2). Le c o m m e r c e , qu'il e m - brassa, lui facilita les moyens de s'enrichir. Un acte capi- tulaire de l'église de cette ville, du 7 juillet 1 4 8 5 , porte qu'il prêta serment ce même jour à l'archevêque et au cha- pitre , pour la place de garde et administrateur de la maison de la Grenelte , à laquelle ils l'avaient préposé; un autre acte, du 15 janvier 1493 , nous apprend que cet homme charitable avait fait construire, à la maladrerie de Balmont, deux cham- bres pour y recevoir les ladres étrangers, et qu'il avait été amené à cette bonne œuvre par les prédications de Jean Bour- geois (3); cette générosité fait le plus bel éloge de Claude (1) Fol. 55 , verso de la Nef des Princes, Lyon , 1502, m-i°. (2) Il n'était pas le premier de sa famille qui eût fixé à Lyon sa résidence. Dès l'année t425 , Guillaume Champier, de St-Symphorien-le-Châleau , pos- sédait une maison faisant l'angle de la rue Pêcherie et de celle de Montigny. Breghot du Lut, Nouveaux Mélanges , page 84. (5) Voyez au sujet de Frère J. Bourgeois, Les Gordeliers de l'Observance de Lyon par l'abbé Pavy, pag. 53.