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 « lire, écrire et compter, et elle est bien bonne fille. Je n'ai
 « point d'autre enfant; elle aura tout mon bien. Tel que vous
 » me voyez, je suis riche, m o i ; j'ai une maison, j'ai des
 « terres , et tous mes biens valent douze mille francs. Si
 « vous voulez, menez-moi chez un notaire, je lui donnerai
 « de suite tout ce que je possède. Cet homme que vous voyez
 « là n'est pas son p è r e , mais c'est moi qui suis son p è r e ,
 « c'est mou enfant, je ne veux pas mourir loin d'elle; ne
 « me l'ôtez pas !!! » E t , en parlant ainsi, il sanglottait et des
 larmes abondantes coulaient dans les sillons de son visage.
 Je ne sais si ce simple récit vous fait partager l'émotion qui
 s'empara de m o i , mais ce que je puis d i r e , c'est que je me
 retirai, profondément affligé de ne pouvoir calmer une si vive
 douleur. Peu de jours après je fus consolé, le père n a t u r e l ,
 celui qui avait, quinze ans auparavant, exposé son enfant,
la vendit au vieillard ; pour quelques pièces d'or, il reconnut
 d'autres droits bien autrement sacrés que les siens, et la
j eune fille retrouva son vieux père et les champs qui l'avaient
 nourrie.
   Mais je crains , Messieurs, d'abuser trop long-temps de
l'attention que vous avez bien voulu m'accorder. Je voulais
combattre quelques injustes préjugés sur les enfants trou-
vés ; pour le faire, je me suis appuyé sur les faits observés
parmi nous. J'ignore si ailleurs ces faits se sont offerts sous
un semblable aspect^ mais les conséquences que j'en ai tirées
n'en sont pas moins rigoureuses, et si elles ne peuvent s'ap-
pliquer qu'à L y o n , cette ville qui nous est si c h è r e , du
moins elles seront une preuve de plus q u e , malgré ses
malheurs, q u e , malgré ses égarements, sa population ce-
pendant a fait des progrès incontestables , et qu'elle est de-
venue à la fois plus heureuse et plus morale.