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16 le miel des grands écrivains des siècles d'Auguste et de Louis XIV, qu'il nous soit permis encore de douter et d'at- tendre. Aussi remarquez que , sauf quelques exceptions rares et rarement heureuses, les muses restent en silence, et je ne sais quel dégoût universel se trahit au seul nom de ces poèmes dont l'apparitionfaisait jadis tressaillir la France entière. Tous les efforts intelligents se dirigent maintenant vers d'autres travaux : et cependant, quelles sont les sciences morales ou politiques dans le sein desquelles le doute ne se soit insinué comme un élément de dissolution ? Dites quelle vérité d'éco- nomie publique consacrée par le temps n'a été de nos jours mise en question ; quelle doctrine philosophique n'a été con- troversée , percée à jour, anéantie par des doctrines qui n'au- ront pas une vie plus longue? C'est l à , Messieurs, que se trouve la plaie qui nous ronge, plaie douloureuse et peut-être salutaire, si elle amène une crise favorable au progrès social. Mais, en attendant, cette guerre, si ardemment poursuiviepar lé présent contre le passé, trouble et jette dans l'incertitude les cœurs les plus sincères, les esprits les plus dévoués au culte de la vérité.Toutefois,peut- on blâmer les efforts tentés pour arriver à cette vérité , pour dissiper les erreurs consacrées par le temps ? non, sans doute j et vous me pardonnerez si, laissant les discussions littéraires aux écrivains distingués que vous comptez en si grand nombre parmi vous, je viens seulement vous entretenir d'une aride question d'économie publique sur laquelle je ne partage point les opinions généralement admises. Depuis Vincent de Paule jusqu'à lord Brougham, combien d'opinions diverses, contradictoires, ont été émises sur les devoirs de la société envers ces malheureuses créatures que le libertinage ou l'imprévoyance met au jour et que la misère ou la perversité abandonne ! Depuis cette mai- son de la rue St-Jacques, où l'on brocantait des enfans aban- donnés , jusqu'à ces magnifiques asiles que la charité la plus