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492 Eugène de Beauharnais, fils adoptif de l'empereur Napoléon, elle fit entendre ses plaintes dans la séance du 13 août 1791. « Messieurs, dit-elle, il vous paraîtra peut-être surprenant que, surmontant la timidité démon sexe, je vienne au milieu de vous réclamer la justice que vous devez à mes infortunes. Je ne chercherai point à émouvoir la sensibilité de vos âmes par le récit de mes malheurs ; je me bornerai à vous dire que j'étais l'épouse chérie d'un homme recommandable par les services qu'il a rendus à la patrie. Ce titre précieux vient de m'être ravi par une horde d'assassins qui, au mépris des lois, de la justice, de la sûreté individuelle et des propriétés, se sont transportés dans les retraites paisibles que nous ha- bitions, et ont immolé à leur fureur l'homme que je pleure. Je n'ai échappé moi même à la mort que par une protection spéciale de la providence qui m'a sans doute réservée pour faire éclater votre justice. « Si je n'écoutais que les mouvements de mon cœur, une vengeance authentique me satisfairait, mais je suis mère de deux enfans qui ne sont pas en état de sentir la perte qu'ils ont faite. Je sens que je dois m'occuper de leur sort, et vous me permettrez, Messieurs, de vous apprendre que,dans l'af- freuse journée où je perdis mon époux, j'ai perdu, tant en contrats qu'en effets et propriétés, plus de trois cent mille livres; de plus, par la mort de mon mari, vingt-huit mille livres de rentes viagères, tant sur l'état, que sur différents particuliers. D'après ce récit vous pouvez juger de ma dou- loureuse situation. » Après cette allocution, un des secrétaires de l'assemblée fit lecture d'un mémoire de Madame Guillin, mémoire assez dé- taillé, mais légèrement emphatique. < Errante au milieu des bois, disait elle dans ce mé- . moire, ce n'est que vingt-quatre heures après que j'ai pu me réunir avec les restes infortunés de ma famille. Nous nous sommes réfugiés à Lyon, ne pouvant plus habiter une maison