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   Tout est morne dans les quartiers aristocrates. La Chaussée
d'Anlin et St-Germain conspirent pour nous abandonner à nous-
mêmes -, un grand silence se fait dans les lieux les plus fashio-
nables de Paris, tandis qu'ailleurs la nature et la foule se re-
muent activement. Toutes les deux se hâtent et se poussent
aux Tuileries. L'une aux arbres et l'autre sous les arbres. Feuil-
les et hommes, fleurs et femmes remplissent les allées et ani-
mentles ombrages naissant; une étoile tremble à chaque bran-
che ; les bourgeons retardataires s'ouvrent au soleil et à la vie;
les ramiers viennent nous visiter et chassent les corbeaux
croassant ; les grives et les merles sifflent autour de nous , et
les rossignols chantent, dans la nature éveillée et heureuse ,
comme dans nos cœurs, leurs douces chansons d'amour.
   Mais à côlé de celte féerie de la nature, une autre féerie
attire encore la foule ; les merveilles du Louvre s'étalent à
côté des fraîches merveilles des Tuileries ; l'art et le prin-
temps, ces deux jeunesses du cœur et du monde, se partagent
nos deux palais royaux.
   Aux heures où le soleil commence à se faire trop chaud,
les promeneurs abandonnent les Tuileries pour se réfugier
au Louvre. Un autre éclatant spectacle se déroule à eux ;
celte infinie variété de toiles , de couleurs , de tons , de su-
jets , fatigue l'œil et la tête, comme un soleil lourd et chaud
de juin , et la foule se relire bien vite „ épuisée par la jouis-
sance et le plaisir des yeux, mais ayant à peine compris. •
   Ce n'est donc pas un de ces jours où les visiteurs adop-
tent la galerie du Louvre comme une promenade, qu'un ami
véritable de la peinture voulant la connaître et l'étudier dans
ses moindres détails , doit venir se joindre à toutes ces figures
ébahies et insoucieuses ; s'il veut entendre les explications go-
guenardes des sujets, les conversations niaisement piquantes
de quelque Cicérone, s'il veut subir les exclamations délicieu-
ses des gardes nationaux échappés du poste voisin, oh ! il se
jubilera et pourra se délecter à l'aise ; les types ne manquent
point, et les groupes entassés dans la salle, valent mieux