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  le bord de ce marais était une immense quantité de voilures
  de toute espèce, déposées là depuis l'incendie du quartier de
  l'Arsenal. Plusieurs jeunes garçons étaient entrés dans ces
  voitures, et regardaient par les, portières tout ce qui se pas-
  sait au dehors : j'entrai aussi dans un très-beau fiacre, d'où
 je vis parfaitement la cavalerie lyonnaise passer et repasser
 le petit pont de la Gare. Au bout de quelques instants , voyant
 le feu des républicains s'éloigner un peu , je sortis du fia-
 cre et vins à la Demi-Lune auprès des pièces qui tiraient tou-
 jours. Les canonniers n'étaient pas plus de six, tous harassés
 de fatigue : je leur donnai un coup de main , c'est-à-dire, que
je leur tendis les gargousses que je prenais dans les petits
caissons d'avant-train.
    « Le feu ayant enfin cessé , je m'avançai avec quelques
autres personnes sur la grande chaussée de Perrache , et je
poussai jusqu'au dernier poste des Lyonnais. Cette chaussée
était couverte de cadavres d'hommes et de chevaux. Je re-
connus parmi les morts plusieurs individus , un des MM. Va-
lesque , entr'aulres, et mon voisin Duon , beau frère de
feu M. l'ancien médecin Figurey. Valesque et Duon servaient
dans la cavalerie lyonnaise. Ce dernier venait déjà d'être dé-
pouillé de ses vêtements, et son corps était étendu à la porte
d'une écurie. Au même instant, arrivent un officier et deux
volontaires de l'Ardèche , faits prisonniers par les Lyonnais,
dans les broussailles de la presqu'île. On les conduit à la
porte Perrache où était encore M. de Précy avec ses aides-de-
camp. Tout le long de la chaussée, un des hommes de l'escorte
ne cessa de pérorer l'officier. Camarade, lui disait-il, vois ma
cocarde , et juge combien les brigands à qui vous obéissez, vous
mettent dans l'erreur. On vous a fait égorger vos frères, oui,
vos frères ; car enfin nous sommes aussi bien que vous les sol-
dats du drapeau tricolore.
    « L'homme qui pérorait ainsi l'officier de volontaires, était
un compagnon marbrier du quai de l'Hôpital , franc répu-
blicain , niais ennemi juré du parli montagnard. Quant Ã