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287 de cuivre sépara la chapelle du chœur, sur lequel on l'ou- vrit par un immense percé. En 1599, le cardinal Bonvisi l'enrichit d'un beau travail du peintre Vannius, élève deBarrozzi, travail dont Corneille Galle, flamand , a donné la gravure ; c'est un St-François d'Assise, agenouillé, tenant entre ses mains l'enfant Jésus que pré- sente sa mère , entourée d'une gloire. Quelque temps avant leur dispersion, les Religieux n'osèrent le refuser aux pres- santes sollicitations de M. Tolosan , et le lui vendirent. Mgr. Fesch en a depuis fait l'acquisition , et il est encore aujour- d'hui un des ornements de sa galerie. Tout cet ensemble d'architecture et de peinture devait pa- raître d'une grande richesse , et la chapelle des Lucquois ' ri- valisait avec les plus beaux monuments de ce genre, dans notre cité. Il n'y manquait, à notre gré , qu'une seule chose, et c'est la plus importante selon nous, d'être en rapport avec la jolie basilique dont elle devait être un accessoire, et non pas un hors d'œuvre. Qu'y a-t-il de commun entre ce go- thique si simple , si pur, si léger , si gracieux , si chrétien , des colonnes, des nervures, des ogives , du vitrail de l'é- glise , et les riches , mais massives proportions corinthien- nes , employées par nos Lucquois ? C'est ainsi, disent d'habiles maîtres dont nous ne saurions partager la pensée , c'est ainsi qu'on différencie les époques. A quoi bon, s'il faut, pour cela , détruire l'unité , anéantir l'ensemble d'un édifice et multiplier les bigarrures à propor- tion qu'on en renouvellera les décorations? Ajoute-t-on une pièce de drap neuf à un vieux habit (1) ? C'est à ce prin- cipe , selon nous funeste , qu'on doit les envahissements de la renaissance dans l'architecture chrétienne. Et qu'en est-il résulté ? c'est que le vandalisme des restaurations a lutté de fureur avec le vandalisme des destructions et remporté sur lui, dans certaines contrées, un lamentable triomphe. (1) Math., 9 , 16.