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284 L'année suivante (1503), et la ville étant rentrée sous la domination du r o i , nos Cordeliers accoururent en toute hâte de leurs retraites pour prendre possession de leur première demeure. Dans quel état l'Observance ne s'offrit-elle pas à leurs yeux! Le tombeau de leur saint fondateur v i o l é , ses ossements profanés et devenus la proie des eaux ; l'église e n - core noire de flammes et de fumée , encombrée de débris ; le couvent anéanti et devenu un monceau de pierrres et de boue. Ce n'étaient que ruines et désolation. À tant de maux les religieux n'apportaient pour remède que des larmes et du zèle. Le zèle! encore il s'éteignit bientôt sous le décourage- ment qu'inspirait la vue d'un si grand désastre. Aucun reli- gieux de distinction n'osa prendre l'engagement de relever ces masures et de ranimer ces froides cendres. On jeta le fardeau sur un simple Frère , homme sans l e t t r e s , mais pieux et d é v o u é , le P. Thierry. Comme il ne pouvait espérer de rentrer , de plusieurs an- nées , dans cette habitation , il se réfugia „ et avec lui neuf autres frères , en une petite maison située près du portail de l'Observance, et l à , « p a u v r e m e n t , comme dit l'historien dont nous abrégeons le r é c i t , mesquinement et estroitement y demeurèrent l'espace de douze ans , pendant lesquels ces bons Pères travailloient tous les jours comme manœuvres et pionniers, » donnant le reste du temps à l'office canonial, a la quête des aumônes , qui furent abondantes et conti- nues. D'autres se fussent lassés à la peine : l'espoir les sou- tenait. Si le travail fut long^ la restauration fut complète. Sans parler des ornements intérieurs , le P. Thierry fit r e - couvrir l'église , ainsi qu'une partie des dortoirs ; son succes- s e u r , le P. Ballot, acheva ces derniers travaux, refit à neuf la sacristie , le réfectoire , le chapitre , les chambres d'hôtes, l'infirmerie ; il remit le couvent dans son premier état. La maison conventuelle, telle qu'elle subsiste encore aujour- d'hui, était basse e l l e cloître é t r o i t , obscur ; mais les a p - partements vastes, commodément distribués, les corridors