Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                                       211
 Sous les cent bannières des Cantons ou des Sociétés auxquels
 elles appartiennent. Le canon des fortifications tonne de
toutes parts et sur toute la ligne que suit le cortège , la fu-
 sillade la plus nourrie est entretenue : ce n'est partout que
le plus formidable bruit de guerre. On arrive à la ville. Les
acclamations de la foule sont suspendues. Une musique guer-
rière se fait e n t e n d r e , et les jeunes gens entonnent en chœur
des hymnes patriotiques. Leur voix mâle est grave et solen-
nelle. On s'aperçoit à les entendre , qu'on pratique en Suisse
les habitudes musicales de l'Allemagne. Arrivé au centre de
la ville, le cortège est rompu. Une dernière allocution est
prononcée : on s'embrasse encore et l'on se sépare à ces cris
mille et mille fois répétés : « Vive la Suisse Indépendante
Vive la Liberté ! »
     Ce récit serait trop incomplet si nous terminions , sans
 parler de l'assemblée purement politique à laquelle la So-
ciété de Sûreté Fédérale avait appelé des délégués de toutes
 les Sociétés du même genre existant dans tous les cantons.
Elle eut lieu le lendemain dimanche , dans une prairie située
à une demi-heure de distance de Zurich. Quatre à cinq mille
hommes s'y étaient rendus sans armes. Une tribune déforme
c a r r é e , haute de plus de dix p i e d s , s'élevait sur l'un des
bords de la prairie. Elle était ornée d'inscriptions et de dra-
peries. Jamais en France , pas même dans nos assemblées
législatives , je n'ai vu de tribune sur laquelle les orateurs
fussent aussi bien placés. On y vit paraître successivement
Schvell, ï r o x l e r , Aebi , Nœgeli, Casimir Pfyffer, Henné de
St-Gall et d'autres patriotes suisses non moins renommés.
Ces hommes parlèrent tous avec une facilité et une vigueur
d'expression extrêmement remarquables. L'intonnation sac-
cadée qu'exige, pour être entendu au loin , l'idiome allemand
dont ils se servaient, ajoutaient encore à la puissance eupho-
nique de leur langage. Tout en continuant de parler ils
s'avançaient, tantôt vers l'une , tantôt vers l'autre extrémité
de la tribune , et la foule très-attentive , suivait avec le plus