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  s o n , sans s'exposer à subir d'abord les mauvais traitements
  du vainqueur. Il faut donc savoir attendre que le gros de
  l'orage ait passé : c'est ce que nous fîmes. Plusieurs de nos
  concitoyens, sans distinction d'opinions politiques, nous offri-
 rent des asiles sûrs, et nous pûmes défier toutes les recherches
 toutes les ruses de la police. Pendant que la gendarmerie
 fouillait les montagnes de l'Auvergne pour y découvrir
 Edouard, il lui arriva d'être à L y o n , à causer paisiblement,
 dans un café, avec plusieurs commissaires de police qui lui
 faisaient les plus étranges révélations sur l'agent Cortès ré-
 cemment tué par une sentinelle. Moi-même , logé dans un
 appartement qui touchait le bureau d'un autre commissaire
 de police , j'y étais fort occupé par un travail littéraire, lors-
 qu'un étudiant en d r o i t , assez malheureux pour être mon
 homonyme et mon compatriote, se voyait arrêté, emprisonné,
 i n t e r r o g é , ballotté par toutes les autorités de Cherbourg où
il s'était rendu de Paris pour passer plus joyeusement ses va-
cances de Pâques. Faites donc des voyages d'agrément dans
les temps de tourmente politique!.... — Mais les beaux jours
de l'été avaient commencé à briller de leur long éclat. La
gêne que notre situation nous imposait était très-fatigante.
Nos parens , nos amis craignaient pour notre liberté et nous
pressaient de quitter la France. L'époque à laquelle le procès,
d'Avril paraissait devoir être c o m m e n c é , était encore fort
éloignée; d'ailleurs, nous pouvions, quelque part que nous
fussions, accourir en prison au moment de l'ouverture des
débats. Cette dernière considération l'emporta et nous nous
décidâmes à partir pour la Suisse.

   Un soir du mois de juillet, nous sortîmes de Lyon par la
promenade si belle du faubourg St-Clair. Des parens des
a m i s , plusieurs dames nous accompagnaient. C'était pour la '
dernière fois, peut-être, que j'avais traversé ma ville natale!..
Les arbres sous lesquels nous avancions avaient été témoins
des scènes d'amour ou d'amitié les plus intéressantes de ma
vie. A mesure que je les voyais fuir derrière m o i , ces arbres