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185 figuré au procès du prétendant. Un domestique m'accompagna pendant une lieue , c'est-à -dire jusqu'à la grande route où je pris place dans une diligence qui me conduisit à Lyon. De toutes les pensées qui me traversèrent,chemin faisant, je ne pus tirer que celte conclusion bien vague ; si ce prétendu Dauphin n'est pas un escroc, et ses partisans n'ont aucun doute à cet égard; s'il n'est pas un agent de police, je ne vois pas du tout ce qu'il peut être, car il pourrait se créer dans le monde un rôle plus brillant que celui qu'il joue. S'il est l'homme de la police il est fort adroit. Je revis s quelque temps après, mon héros à Lyon ; il sem- blait régner au milieu de sa petite cour qui le monseigneurisait à faire plaisir. Parmi ses courtisans se trouvait un jeune ec- clésiastique et plusieurs autres personnes que je ne connais- sais pas encore. Le fils de roi entouré de cet échantillon de son peuple, faisait les préparatifs de son départ qui devait avoir lieu le lendemain. Chacun s'empressait de lui rendre ' quelques petits services, de l'accabler de son respect, de protester de son dévoûment, enfin on brûlait pour lui tout l'encens qu'on avait. Lui, sans presque faire attention à ces titres pompeux d'Altesse et de Majesté qu'on lui prodiguait, recevait tout cela en roi, c'est-à -dire avec ce calme, cette indifférence qui naissent ordinairement de l'habitude que l'on a d'entendre un pareil langage. Cette scène était fort C 7 U rieuse pour un observateur ; et je puis assurer qu'elle m'a- musa beaucoup. Je pris congé de lui au bout d'une heure , ainsi qu'une partie de ses généraux et de ses ministres futurs, sans avoir pu me décider à lui donner d'autre qualification quB-eelle réclamée par la politesse pour accompagner le nom de tout hômme-que nous regardons comme notre égal. Depuis oncques n'ai revu Bonis XVII. J'étais, il y a quelques mois, nônefaalament assis, le dos appuyé contre un tilleul de Bellecour, lorsque deuxinconnus vinrent se placer à coté de moi. L'un tenait à la main un journal, et, le parcourant, il s'écria : le Duc de Normandie