Revue du Lyonnais » série 1 - n°3 ( 1836 ) » pp.182

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fant illégitime qui habite aujourd'hui les environs de Châlons.
Puis il termine l'apologie de ses parents par cette phrase,
dont il semble avoir fait une sentence à son usagé. Je suis
le dernier de ma race, le meilleur n'en vaut rien.
    Pour ajouter plus de force à ses paroles, le baron de Ri-
chemont raconte que non seulement il n'a semé aucun ger-
me de postérité sur la route qu'a suivi sa jeunesse, mais en-
 core qu'il a su par des breuvages se rendre pour jamais in-
 sensible aux traits de l'amour. Ce n'est pas qu'il nie ce que
 peut avoir de doux l'union de deux cœurs, mais il soutient
 que la crainte d'oublier sa naissance, ses droits et de négliger
 des sciences que doit acquérir celui qui est appelé à gou-
 verner Un jour, put seule l'emporter dans la balance que
 des yeux bleus ou noirs avaient plusieurs fois été sur le point
 de faire pencher de leur coté.
     La soirée se prolongea peu, on jeta à peine quelques mots
 de politique, quelques phrases sans suite, comme pour ser-
 vir de préambule à la conversation du lendemain. J'avais
 besoin de repos, et ce fut avec plaisir que je vis se terminer
 la veillée. Je gagnai l'appartement qu'on m'avait préparé
 pour la nuit et je m'endormis d'un profond sommeil,, sans rêve
  d'ambition quoique je fusse si près d'un roi.
     11 était neuf heures lorsque mon compagnon de voyage
 vint m'engager à descendre au salon où il me fit entrer
 sans me suivre. La porte se referma sur moi, et je m'aperçus
 bientôt, en me trouvant seul avec le baron de Richemont,
 qu'on avait préparé le moment d'entretien que nous allions
 avoir. Le Baron était comme la veille enveloppé de sa robe
  de chambre et paraissait contempler, accoudé qu'il^tàit sur
  une fenêtre, le beau point de vue. et'les payages ravissants
  qui se dessinaient devant lui'. En effet le château, où nous
  étions, réunit tottt ce~ que peut avoir de pittoresque une heu-
 reuse situation. Jeté à une certaine hauteur de la montagne,
  il dominait une vallée riante par ses champs bordés de noyers
 à la noire végélalion, par ses ruisseaux qui ne roulent que