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 altenlions; mais sa vivacité était éteinte; il ne lui restait
 plus que des sentiments doux : c'était le fond de son
 ame.
     « Il aimait la campagne ; nous l'y conduisions souvent,
 et il supportait bien les déplacements ; il avait même une
 sorte d'inquiétude habituelle qui les lui faisait désirer. Le
 14 septembre dernier (1822), nous partîmes en famille pour
 Lyon. Ce voyage paraissait lui plaire. Nous espérions y trou-
 ver pour lui une source de doux souvenirs, d'heureuses dis-
 tractions. Hélas ! sa mémoire était altérée à tel point, qu'à
peine s'aperçut-il du changement. Une course à Chaponost ,
 lieu jadis pour lui de prédilection, ne ut que le fatiguer. U
en revint avec une fièvre d'abord légère, mais qui bientôt ne
le quitta plus. Le cerveau, dès long-temps affaibli, fut, en
 peu d'heures, entièrement paralysé. M. le docteur Cartier (1).
son boa et ancien ami, employa vainement tous les secours
de l'art. Les applications les plus violentes et les mieux appro-
priées â la situation restèrent sans effet ; elles ne furent pas
même senties du malade qui respira jusqu'au 26 septembre
(1822), à sept heures du matin. A vrai dire , il n'avait depuis
plusieurs mois qu'une demi-existence.
    « Tels ont été les derniers moments d'un homme qu'une
grande vivacité d'imagination avait peut-être usé avant le
temps ; que le sentiment d'une profonde douleur a ensuite
atteint cruellement ; mais qui, jusque dans l'affaiblissement
Irop rapide de ses facultés , avait éminemment conservé cette
bonté facile, cette aimable sensibilité, et surtout cette droi-
ture du cœur , qui, dans tous les temps, avaient marqué son
caractère. »

    (1) L'Ephre à son ami, le docteur Cartier, la veille de son mariage ,
est une des plus jolies productions poétiques de M. Bérenger, qui n'a pas
toujours été aussi heureux dans des circonstances analogues.