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125 reçu, en le lisant, les premières impressions des sentiments nobles et généreux ; dans ce choix de traits honorables pour l'humanité, nous avons puisé , comme dans une source pure, les jouissances les plus vives. Le souvenir nous en plaît en- core. Et pour tant de douces larmes, pour des préceptes si sages, pour des tableaux si touchants, pour ces moments heureux, dont nos enfants profiteront à leur tour, n'acquit- terons-nous pas envers l'auteur un légitime tribut de recon- naissance? A la jeunesse , à l'âge m û r , Offrant un guide aimable et sur, Ses écrits de l'honneur nous ont ouvert le temple. Dan9 sa Morale en action De toutes le3 vertus il donna la leçon , Et sa vie en donna l'exemple. Ce qui m'engage à mettre au rang des compositions poéti- ques de M. Bérenger, ses Soirées provençales s c'est qu'on y trouve le plus grand nombre de ses meilleurs vers. Le fameux Mirabeau, son compatriote, considérait l'auteur comme un homme de beaucoup de mérite et d'un grand talent : « Dans « votre Voyage en Provence, lui écrivait-il, j'ai trouvé de la « prose charmante et de très-beaux vers de tous genres, sen- « sibilité douce et pénétrante, talent descriptif, stylé pitto- « r es que, imposante harmonie. La nature vous a fait poète, « et si vous avez le courage d'être difficile à vous-même , si « vous respectez, autant que vous le devez , le grand talent « qu'elle vous a donné, vous irez loin, très-loin... Vous pou- » vez être à une si grande hauteur du bel esprit, de la ma- ie nière, de l'afféterie, que vous seriez inexcusable si vous y « tombiez ; et j'ai cru voir quelquefois un peu de recherche « dans votre prose. Ah! seriez-vous assez bête pour avoir « peur de n'avoir pas assez d'esprit? L'homme, véritablement « sensible, l'homme poète, est au-dessous de lui-même, « quand il n'a que de l'esprit et surtout quand il a l'air de le « chercher. »