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465 Je terminerai cette esquisse sur Toulon, considéré surtout médicalement^ par quelques mots au sujet de la Consigne, sorte de parloir à triple grille où les quarantainaires viennent passer quelques instants avec leurs pà rens et leurs amis, dont ils restent séparés par un intervalle de deux à trois mètres. C'est là aussi que les prétendus pestiférés déposent les lettres qu'ils envoient dans les départements. — Ces lettres, avant d'être expédiées , passent assez rapidement, et sans être dépliées, au travers du vinaigre ou au milieu des vapeurs du chlore ; mesures bien in- suffisantes , si les lettres, quelquefois très épaisses, renfermaient le germe delà peste ou du choléra! C'est aussi à travers le vinai- gre que l'on fait passer les pièces de monnaie données par les quarantainaires en échange de quelques marchandises. Un égoût, qui s'ouvre près de l'entrée de la Consigne, fait de ce lieu de salubrité administrative un des endroits les plus in- fects du port. Le 26 avril, à neuf heures du matin, je montai à bord du bâtiment à vapeur le Crocodile, commandé par le capitaine Jan- vier. Ce marin appartient à une famille distinguée de la ville de Lyon. Jeune encore, il fut un des officiers qui travaillèrent à la confection des cartes marines en usage aujourd'hui sur les bâti- ments de l'état-, il est l'auteur d'un ouvrage estimé, le Manuel du Constructeur des machines à vapeur, imprimé à Paris en 1828; enfin il a découvert un nouveau système de construction de bâtiments à vapeur, dont l'application sera d'un avantage immense pour la marine royale et marchande. La traversée de Toulon à Alger se fait ordinairement en cin- quante et quelques heures ; mais pour cette fois, il devait en être autrement: 5 à 6 degrés au-dessous de 28 pouces annonçaient un temps orageux, et un vent de sud-ouest assez fort menaçait de ralentir notre marche. Le capitaine suspendit le départ et ne se décida à quitter la rade que le soir à huit heures , rassuré par Déjà M. Duchà tel, ministre du commerce , a apporté des améliorations impor- tantes dans cette branche de notre législation ; mais il lui reste encore beaucoup à faire. Telle est du moins l'opinion du commerce , des corps savans de plusieurs villes du Midi, et même de plusieurs intendances sanitaires, 30