page suivante »
419 Silia, femme d'un sénateur, fut exilée , dit Tacite (annal. 1. 16) pour avoir connu Pétrone; mais Néron ne put anéantir la sa- tire, comme il en avait anéanti l'auteur, et c'est cet ouvrage qui est parvenu jusqu'à nous sous le nom de Petronii Saty- ricon. Resté presque inconnu pendant près de 1500 ans, il parut pour la première fois imprimé en 1499 ; mais il était loin d'être complet. Le savant jurisconsulte Pierre Pilhou de Troyes, le Varron du 16e siècle et l'homme à qui les amis de l'antiquité sont le plus redevables, Poggio seul excepté, trouva à Bude des ad- ditions au premier manuscrit ; mais il se faisait scrupule de publier un livre plein de peintures aussi licencieuses. Son frère, François Pithou, à qui l'on doit la découverte des fables de Phè- dre , lui emprunta cet exemplaire ; e t , après trois ans de tra- vaux et de recherches, il le fit imprimer en 1587. L'ouvrage, présentait néanmoins encore beaucoup de lacunes. L'édition in-12 de Lyon de 1615 était la meilleure et la plus, ample jusque là ; e t , malgré ces améliorations successives, on avait jusqu'alors, à proprement parler, que des fragments de l'œuvre de Pétrone. Le charme de son style qui sera toujours senti, l'énergie de sa manière, l'élégance inexprimable de son récit qui le plus souvent devient drame. et les notions impor- tantes qu'il donne des mœurs des romains sous les premiers empereurs, ne faisaient qu'augmenter les regrets des savans. Que n'eut-on pas donné pour avoir la gloire de le rétablir dans son intégrité! Cette ambition fut môme alors l'origine d'une aventure des plus plaisantes : Henri Mcibom de Lubeck, phi- lologue distingué , crut un instant que ce bonheur lui était ré- servé ( Ménagiana éd. Paris, 1715, t. I , p. 127-129). Ayant lu sur un itinéraire d'Italie, Petronius Bononiœ integer asservaturv il s'imagina qu'il allait enfin trouver à Bologne un manuscrit entier de l'auteur latin, et, dans son zèle pour les lettres, il entreprit exprès le voyage d'Italie, pour se rendre maître de ce trésor. Mais le savant du nord avait été dupe d'un étrange quiproquo : ce Pétrone entier que l'on conservait à Bologne était le corps de saint Pétrone , patron de la cathédrale, que le philologue alle- mand , dans sa confusion, eût volontiers échangé contre le plus