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Silia, femme d'un sénateur, fut exilée , dit Tacite (annal. 1. 16)
pour avoir connu Pétrone; mais Néron ne put anéantir la sa-
tire, comme il en avait anéanti l'auteur, et c'est cet ouvrage
qui est parvenu jusqu'à nous sous le nom de Petronii Saty-
ricon.
   Resté presque inconnu pendant près de 1500 ans, il parut
pour la première fois imprimé en 1499 ; mais il était loin d'être
complet. Le savant jurisconsulte Pierre Pilhou de Troyes, le
Varron du 16e siècle et l'homme à qui les amis de l'antiquité sont
le plus redevables, Poggio seul excepté, trouva à Bude des ad-
ditions au premier manuscrit ; mais il se faisait scrupule de
publier un livre plein de peintures aussi licencieuses. Son frère,
François Pithou, à qui l'on doit la découverte des fables de Phè-
dre , lui emprunta cet exemplaire ; e t , après trois ans de tra-
vaux et de recherches, il le fit imprimer en 1587. L'ouvrage,
présentait néanmoins encore beaucoup de lacunes.
   L'édition in-12 de Lyon de 1615 était la meilleure et la plus,
ample jusque là; e t , malgré ces améliorations successives,
on avait jusqu'alors, à proprement parler, que des fragments de
l'œuvre de Pétrone. Le charme de son style qui sera toujours
senti, l'énergie de sa manière, l'élégance inexprimable de son
récit qui le plus souvent devient drame. et les notions impor-
tantes qu'il donne des mœurs des romains sous les premiers
empereurs, ne faisaient qu'augmenter les regrets des savans.
Que n'eut-on pas donné pour avoir la gloire de le rétablir dans
son intégrité! Cette ambition fut môme alors l'origine d'une
aventure des plus plaisantes : Henri Mcibom de Lubeck, phi-
lologue distingué , crut un instant que ce bonheur lui était ré-
servé ( Ménagiana éd. Paris, 1715, t. I , p. 127-129). Ayant lu
sur un itinéraire d'Italie, Petronius Bononiœ integer asservaturv il
s'imagina qu'il allait enfin trouver à Bologne un manuscrit entier
de l'auteur latin, et, dans son zèle pour les lettres, il entreprit
exprès le voyage d'Italie, pour se rendre maître de ce trésor.
Mais le savant du nord avait été dupe d'un étrange quiproquo :
ce Pétrone entier que l'on conservait à Bologne était le corps de
 saint Pétrone , patron de la cathédrale, que le philologue alle-
 mand , dans sa confusion, eût volontiers échangé contre le plus