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sur la rive gauche, Charlemagne passant une revue assis, ne me
plait guère , et le pavillon, d'ailleurs, m'a fort l'air d'avoir été
bâti à la fin du XVe siècle. Je ne me fie pas davantage à la tradi-
tion qui attribue à cet empereur le puits remarquable de Vile-
Barbe, creusé au bas des rochers sur lesquels est fondé le châ-
teau. Une espèce de pont jeté au-dessus, permet d'y puiser sans
descendre jusqu'à sa margelle.
    « La chapelle que l'on voit dans l'île porte les caractères d'un,
 édifice de la fin du XIIIe siècle par le mélange d'ogives et de
 pleins-cintres, et le caractère de son ornementation; mais elle
 a été si souvent restaurée, badigeonnée; elle a reçu tant de frag-
 mens anciens, que toutes ses parties doivent inspirer une grande
 défiance. J'y ai remarqué une arcade en ogive , dont l'archivolte
 est chevronnée ou taillée en dents de scie. Rien de plus laid que
 cette forme bizarre.
    « En résumé , si l'He-Barbe renferme encore beaucoup de frag-
 mens, que l'on peut croire antérieurs au Xe et XIe siècles, déplacés
 pour la plupart et plus ou moins défigurés par des restaura-
tions anciennes, ils n'offrent plus de renseignemens suffisans pour
recevoir une date certaine. Il est probable que plusieurs de ces
 débris appartiennent à l'école carlovingienne ; mais aucun ne
pourrait être désigné particulièrement.
   « L'église d'Ainay, Athanacum {1), qui appartenait autrefois à
l'abbaye de ce nom, vient d'être réparée. L'architecte, dans sa
restauration, a copié assez exactement ce qui restait de l'édifice
ancien. Cependant les créneaux qui surmontent sa façade me pa-
raissent de sa part une invention assez malheureuse. On doit lui
savoir gré toutefois d'avoir conservé tous les anciens fragmens de
l'abbaye qu'il a pu réunir. Ils ont été soigneusement encastrés
dans la façade (2).
   « L'église d'Ainay a été consacrée en 1107 ; cette date est attes-
tée par un titre incontestable, mais vraisemblablement cette

   (1) Le Père Méneslrier prétend que ce nom lui a été donné à cause de sa situa-
lion au confluent du Rh6ne et de la Saône : quasi atlinens aquis. Nous voulons
bien le croire, quoique la syncope soit un peu hardie ( A. R. )
   (2) Le bas-relief antique des déesses-mères, décrit par Millin , a été trans-
porté au Musée.