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288 sur la rive gauche, Charlemagne passant une revue assis, ne me plait guère , et le pavillon, d'ailleurs, m'a fort l'air d'avoir été bâti à la fin du XVe siècle. Je ne me fie pas davantage à la tradi- tion qui attribue à cet empereur le puits remarquable de Vile- Barbe, creusé au bas des rochers sur lesquels est fondé le châ- teau. Une espèce de pont jeté au-dessus, permet d'y puiser sans descendre jusqu'à sa margelle. « La chapelle que l'on voit dans l'île porte les caractères d'un, édifice de la fin du XIIIe siècle par le mélange d'ogives et de pleins-cintres, et le caractère de son ornementation; mais elle a été si souvent restaurée, badigeonnée; elle a reçu tant de frag- mens anciens, que toutes ses parties doivent inspirer une grande défiance. J'y ai remarqué une arcade en ogive , dont l'archivolte est chevronnée ou taillée en dents de scie. Rien de plus laid que cette forme bizarre. « En résumé , si l'He-Barbe renferme encore beaucoup de frag- mens, que l'on peut croire antérieurs au Xe et XIe siècles, déplacés pour la plupart et plus ou moins défigurés par des restaura- tions anciennes, ils n'offrent plus de renseignemens suffisans pour recevoir une date certaine. Il est probable que plusieurs de ces débris appartiennent à l'école carlovingienne ; mais aucun ne pourrait être désigné particulièrement. « L'église d'Ainay, Athanacum {1), qui appartenait autrefois à l'abbaye de ce nom, vient d'être réparée. L'architecte, dans sa restauration, a copié assez exactement ce qui restait de l'édifice ancien. Cependant les créneaux qui surmontent sa façade me pa- raissent de sa part une invention assez malheureuse. On doit lui savoir gré toutefois d'avoir conservé tous les anciens fragmens de l'abbaye qu'il a pu réunir. Ils ont été soigneusement encastrés dans la façade (2). « L'église d'Ainay a été consacrée en 1107 ; cette date est attes- tée par un titre incontestable, mais vraisemblablement cette (1) Le Père Méneslrier prétend que ce nom lui a été donné à cause de sa situa- lion au confluent du Rh6ne et de la Saône : quasi atlinens aquis. Nous voulons bien le croire, quoique la syncope soit un peu hardie ( A. R. ) (2) Le bas-relief antique des déesses-mères, décrit par Millin , a été trans- porté au Musée.