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223 Dolet quisque Volet, non dolet ipse Dolet. Chacun plaint Dolet, lui seul ne se plaint pas. Dolet avait adressé à la souveraine et vénérable cour du parle- ment de Paris une requête en vers pour demander justice. On y remarque l'énergique indignation d'un accusé dont la conscience est calme et la fierté d'un homme qui sent sa valeur. Le poète ne craint pas d'irriter ses juges, eux qui avaient condamné tant d'hommes au supplice, en leur rappelant de quel prix est la vie d'un homme. La grande rareté des œuvres de Dolet nous engage à trans- crire un passage de cette requête. Que me veut-on? . . . . . . Dys-je de Dieu queleque cas mal sonnant? Suys-je un loup gris? suys-je un monstre sur lette , Pour me livrer une si rude guerre ? Suys-je endurcy en queleque meschant vice , Pour me traînerai souvent en justice? Ignorez-vous que maincte nation N'ayt de cecy grande admiration ( étonnement ) ? Car chacun sçait la peine que jay prinse Et jour et nuyct sur la noble entreprise De mon estude , et comme je polys Par mes escripts le renom de troys lys; Et toutesfoys de toute mon estude Je n'ay loyer que toute ingratitude. Et moy chétif, qui jour et nuict me tue De travailler, et qui tant m'esvertue Pour composer queleque ouvraige excellent, Qui puisse aller la gloire révélant Du nom françoys en tout quartier et place , On ne me faict seullement tant de grâce, Qu'en bien versant (agissant) en repos puisse vivre Et mon estude en liberté poursuyvre. D'où vient cela ? c'est un cas bien eslrange > Où l'on ne peut acquérir grand' louange. Quand on m'aura ou bnislé ou pendu ,