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dangereux de renverser de son piédestal «ne illustration usur-
pée* il ne l'est pas moins de travailler à purifier une tombe
souillée par les plus sanglans outrages, on ne peut le faire sans
s'exposer à partager la réprobation de celui que l'on veut défen-
dre, sans se voir calomnié et poursuivi avec un semblable achar-
nement. Aussi n'est-ce pas sans hésitation que je viens au milieu
de notre cité, encore toute palpitante des agitations de la guerre
civile, encore brûlante des fureurs politiques, exhumer des
souvenirs de ses premiers désastres un nom dont la malheureuse
célébrité doit rappeler à nos pères les terreurs du passé et peut
réveiller chez nous les haines du présent. Loin de moi la cou-
pable pensée de souffler sur des tisons assoupis ; en écrivant cet
article, je ne voudrais ni caresser ni blesser la susceptibilité des
partis ; je n'ai qu'un seul désir, celui de présenter sous son vé-
ritable jour un des caractères les plus remarquables de notre
première révolution j caractère qui n'a jamais été justement ap-
précié. Chalier... que de répugnances ce souvenir soulève après
quarante années, et comment les vaincre ou du moins les apai-
ser un instant pour me faire écouter. Je ne ferai pas l'apologie
des cruelles nécessités de 93 ; je n'irai pas fouiller dans la pous-
sière des tombeaux et chercher s'il reste encore quelques gouttes
de sang pour en rougir ces pages ; comme un autre j'ai eu des
larmes et de l'admiration* pour ces tristes jours, mais il me semble
par trop injuste que l'on se plaise à en jeter tout l'odieux SUT la
mémoire de certains hommes sans faire la part des circonstances,
sans chercher à se rendre compte des sentimens qui les gui-
daient. Avec une ame généreuse et élevée j un esprit juste mais
entier dans son système , n n cœur doux et aimant et une imagi-
nation exaltée, Chalier, constamment froissé dans ses convic-
tions et par l'égoïsme et par les vices d'une société corrompue,
fut entraîné à d'énergiques mais cruelles résolutions, à de san-
guinaires frénésies. Par sa nature honnête et ses excellentes qua-
lités, il eût été chéri et estimé de ses concitoyens, et dans le
temps de crise où il vécut, son amour du bien public, sa cons-
cience austère, la sévérité de ses principes, poussée quelquefois
jusqu'à la cruauté, une indignation vertueuse mais exagérée jus-
 qu'à la folie, le conduisirent en moins de quatre années des bon-