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    à leur tête, et se déclarer le chef de cette démarche glorieuse. Le prélat la désap-
    prouva hautement, et quelques raisons qu'ils apportassent, ils ne purent jamais la
    lui faire goûter; iln'en crut pas sans doute l'exécution si prochaine lorsqu'il se
    rendit à Lyon pour la rompre, mais il n'en était plus temps, car le lundi sept
    février 1594, dès le point du jour, tous les habitans dressèrent les barricades,
    tendirent les chaînes et se saisirent de toutes les places et avenues,' de la même ma-
    nière qu'ils l'avaient fait cinq ans auparavant en faveur de la Ligue. On introduisit
    en même temps par la porte du pont du Rhône Alphonse d'Ornano, qui s'était
    rendu secrètement au faubourg de la Guillotière avec ses troupes. L'archevêque,
     averti de cette rumeur, se transporta l'après-dîner à l'Hôtel-de-Ville, accompagné
    du baron de Lux, son neveu, de Guillaume d'Albon, seigneur de Chazeul, sou
    cousin germain, et autres créatures de son parti ; il fit à l'assemblée un discours
    fort vif pour leur persuader qu'ils ne devaient pas apporter tant de précipitation
    dans une affaire de cette importance ; que, supposé qu'ils y fussent pleinement ré-
    solus, ils devaient demeurer neutres en attendant le retour de de Nevers, envoyé
    parole roi à Rome pour négocier son entière réconciliation à l'église et la déci-
    sion du pape sur ce point. Mais toutes les remontrances de l'archevêque furent
    inutiles; la résolution en était prise, et ce prélat se retira dans son palais, plein de
    colère et de dépit.

        Le lendemain mardi huit février, dès que le jour parut, on n'entendit par
    toute la ville que des cris de joie, de vive le roi et la liberté française. Tous généra^
    lement, sans distinction d'état, prirent des écharpes blanches avec un tel empresse-
    ment , qu'à dix heures du matin il ne se trouva pas dans toute la ville un pouce de
     taffetas ni de crêpe blanc à vendre .Pour prévenir les désordres, Alphonse d'Or-
     nano resta dans la ville pour y commander en qualité de lieutenant de roi; on
     députa ensuite vers sa majesté pour l'informer du cette réduction et lui prêter
    foi et hommage au nom de la ville. Le roi en ressentit une extrême satisfaction,
    et envoya sur-le-champ Pomponne de Belliévre, conseiller d'état en son conseil
     privé ; lequel étant Lyonnais il le jugea plus propre qu'un étranger pour remettre le
     bon ordre et la tranquillité dans sa patrie, ce qu'il exécuta avec tant d'adresse,
     qu'il ne parut peu de temps après aucun vestige des troubles passés.
       Le connétable de Montmorenci se renditdans cette ville par ordre de sa majesté,
    et ayant pris information sur le passé, il ordonna au comte de la Barge , archidia-
    cre , dese retirer delà ville, où il ne revint qu'après la paix de "Vervins en 1598(1).
    Claude de Rubys, procureur-général de la ville et premier échevin, reçut un pareil
    ordre ; il se retira d'abord au château de St-Priest, en Dauphiné , à une lieiie de
    Lyon, chez Philibert de la Forest, chevalier-seigneur de Sl-Priest et de la Barre,
    où il resta treize mois, pendant lesquels il eut une longue maladie ; mais ses amis
    lui ayant fait savoir qu'il n'était pas là en sûreté, il alla à Avignon, où il passa le
    reste de son exil qui dura six années et qui aurait été encore plus long , si Pom-

      ( ï ) Etienne de la Barge mourut à Lyon en l'année 1602.




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