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 que, restant dans leur devoir, ils étaient assuré» que le roi établirait sa demeure
 en leur ville, la rendrait la capitale de son royaume, l'enrichirait d'un parlement,
 et lui donnerait tout ce qu'il serait contraint d'èter aux autres villes rebelles; que
 pour lui il louait Dieu de ce qu'il ne savait ce que c'était qne Ligue et Sainte
 Union, ni d'autre parti que celui de son roi, dans lequel il était résolu de mou-
 rir. Après cette ferme déclaration on le pria de se tenir en sa maison jusqu'à la
 venue du duc de Nemours.
    Le dimanche suivant on fit tenir les trente-six penons de la ville sous les armes,
 chacun dans son quartier ; deux échevins, suivis du secrétaire de la ville, revêtus
 de leurs robes violettes, montèrent à cheval et parcoururent tour à tour les pe-
 nages dans toute la ville, en chacun desquels lecture fut faite à haute voix de la
 formule du serment, après laquelle le peuple levait la main et jurait de l'observer.
 Tous ces excès indignaient quelques sages citoyens qui, ne voulant paraître ap-
 prouver par leur présence et participer aux emportemens de ce peuple qu'ils
 n'avaient pu retenir, se retirèrent volontairement de la ville. Il y en eut d'autres
•qui, liés par des intérêts de famille, ou attachés par leurs charges à des compa-
 gnies dont le plus grand nombre avait pris parti, n'eurent pas la fermeté de s'op-
poser à la mauvaise cause, et, par une timide condescendance cédèrent au temps
 et aux circonstances, malgré l'inclination qui les portait àrester fidèles; mais ces der-
 niers, par une prndente dissimulation, devinrent enfin les libérateurs deleurpatrie.
      Les douze conseillers - échevins qui formaient alors le corps consulaire ,
 étaient: Jacques d'Aveine, trésorier ; Nicolas de Chapponnay, sieur de l'Isle, Jean
 de Laigue, François Guerrier, sieur de Jons , Claude Poculot, Michel de Pures,
 Louis Prost, Jean Yvernogeau, dit de Tolose, Antoine T ê t e , François Platet,
 Jean Charbonnier et Antoine Charrier. On ne sait pas lesquels de ceux-là furent
par une glorieuse distinction éloignés des affaires de l'Hôtel-de-Ville ; il ne paraît
 pas même qu'on en ait nommé d'autres pour les remplacer.
    Il faut rendre quelque justice aux Lyonnais , s'il est permis de le faire dans de
 semblables circonstances ; les choses s'y passèrent avec plus de modération qu'ail-
 leurs; le peuple ne s'y livra à aucun excès; et l'on n'y vit point, comme dans la
 capitale, la sacrée personne du roi profanée par les malédiclions, ni ses image s
 exposées au mépris et à l'insulte publique. Le sang des plus fidèles citoyens n'y
fut point répandu comme dans la capitale du Languedoc. Le peuple, satisfait,
pourvu qu'il mît sa religion en sûreté, ne voulut pas même permettre qu'on sup-
 primât le nom du roi, et dans le temps même qu'il le privait de ses droits, il
voulut lui en conserver le titre.
    Le roi reçut un déplaisir extrême de la perte de cette ville , dont il faisait cas
 comme d'un asile sûr et d'une dernière ressource contre la rébellion de tout le
reste du royaume; il eut peine à se persuader que les mêmes sujets qui, peu aupa-
ravant lui avaient envoyé une députation pour le prier de se retirer en leur ville,,
eussent sitôt changé de conduite, et ne put s'empêcher de dire à Dunes , frère