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  au peuple; mais les cris de la révolte étouffèrent la voix des véritables citoyens;
  on répandit le bruit que le roi s'était joint avec celui de Navarre^et avait donné
 un passage sur la Loire à l'armée des Huguenots; que c'était fait de la reli-
 gion , et qu'il n'y avait plus à balancer ; que la capitale leur en avait donné l'exem-
 ple, qu'ils devaient suivre, et qui avait été suivi par les plus grandes villes du
 royaume. Ces discours, publiés avec assurance, mêlés de menaces et de traits
 injurieux contre ceux qui tenaient ferme pour le souverain, ébranlèrent plusieurs
 qui avaient été constans jusqu'alors ; les calomnies dont on les chargeait étaient
 d'avoir voulu introduire les Huguenots et le prêche dans la ville , et d'avoir mis
 en rôle les plus fermes catholiques pour les donner à la vengeance du roi.
    Dans les assemblées qui se tinrent à diverses reprises, les plus raisonnables
 conclurent à ne rien entreprendre qui pût irriter le roi, d'autres proposèrent
 une neutralité chimérique, et les plus séditieux portaient tout à l'extrême. Cette
 diversité de sentimens avait divisé les principales familles, et la discorde régnait
 dans tous les corps; les choses étaient parvenues à un point de fermentation qui
 mettait ceux qui étaient chargés du commandement dans la triste nécessité de
 devenir spectateurs de l'avenir par la crainte d'aigrir les esprits et hâter la dé-
 fection entière.
    Guillaume de Gadagne, seigneur de Bothéon , chevalier des ordres du roi (1) et
 sénéchal de Lyon, commandait dans cette ville depuis la mort du gouverneur ; il
 ne lui cédait pas pour la fidélité et l'attachement à son devoir; mais outre qu'il
 n'avait pas une autorité aussi absolue sur les esprits, il manquait de cette fer-
 meté si nécessaire pour les contenir dans le devoir; il se contenta de faire de vives
 et fréquentes représentations, mais toujours inutiles; en sorte: que l'orage aug-
 mentant de jour, éclata enfin le 2-i février 1889 , jour de saint Malhias ; l'alarme
fut donnée avant jour ; tous les habitans, en un instant sous les armes, occupè-
 rent les rues et les places ; les barricades furent dressées et les chaînes tendues dans
les carrefours ; on investit en même temps les maisons de ceux qui n'avaient ja-
mais voulu "entrer dans leur cabale. Sur le matin, lorsqu'on s'aperçut que per-
sonne n'apportait de résistance à cette entreprise, on convoqua dans l'Hôtel-de-
Ville (2) une assemblée générale de tous les états , tant de l'église , officiers du roi,
de la justice, des notables bourgeois , marchands, que des penons de la ville ,
auxquels un des échevins fit lecture de la déclaration contenant les raisons pour
lesquelles on s'était déterminé à prendre les armes» Cette pièce avait été dressée
par Claude de Rubys, procureur-général de la ville, qui y avait étalé avec pompe
des conjectures hasardées pour des vérités incontestables, et y avait exposé har-
diment des motifs remplis de malice et de fausseté dont voici quelques traits :
    «.... Parce que le roi avait rompu l'union jurée, premièrement à part, puis
« en l'assemblée des états; parce qu'il avait honoré des premières charges du

  ( r ) Il ne reçut le collier da St-Esprit qu'en 1657.
  (V) L'Hôtel-de-Ville était pour lors dans Va rue des Forces. ( NOTE DES ÉDITEURS ) .