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21 et il portait des ordres précis du roi de lui accorder le passage, Le gouverneur qui se vit dans la triste nécessité de ne pouvoir le refuser , mais qui craignit en même temps que le duc ne conservât de ressentiment du passé et ne fit quelques tentatives sur la ville, imagina un milieu qui put satisfaire en même temps aux ordres du roi et pourvoir à sa sûreté : il fît représenter au duc que les habitans supporteraient impatiemment de voir un si grand nombre de troupes étrangères dans leur ville, et que, si elles y séjournaient, il pourraity en arriver quelque tu- multe. Le duc, qui ne se crut pas en état de faire la loi, accepta les propositions du gouverneur et se soumit à la manière dont il lui plut y pourvoir ; l'infanterie traversa rapidement la ville sur de grands bateaux qu'on avait fait préparer. La rivière de Saône était bordée de part et d'autre des habitans sous les armes, comme aussi toutes les rues, parce que la cavalerie la traversa à cheval. Le duc d'Epernon, qui y séjourna avec peu de monde, fut reçu par Bonvisi, gentilhomme lucquois, qui lui donna son logis; on plaça deux corps de garde aux avenues de la- r u e , moins pour lui faire honneur que pour marque de défiance. Mandelot, après avoir heureusement réussi dans tous ses projets, éprouva à la fin l'inconstance de la fortune. Le duc de Guise ayant défait l'armée des Reistres à la bataille d'AuneauenBeauce, ces troupes Allemandes se dispersèrent; le sieur de Chatillon, fils aîné du feu amiral, leur ayant donné rendez-vous dans le Ma- çonnais pour les rallier, Le roi donna des ordres à Mandelot pour les attaquer à leur passage. Le gouverneur rassembla à la hâte , vers la fin de l'an 1587, le plus de troupes qu'il put lever; mais la plupart si peu disciplinées et si peu ac- coutumées à aller au combat, qu'elles prirent la fuite avant même que la ren- contre fut engagée : le seul aspect de ces vieux soldats et leur contenance déter- minée les effraya si fort, qu'ils n'osaient seulement regarder derrière eux en fuyant. Mandelot, abandonné du plus grand nombre de ses troupes, fut contraint de se retirer et de leur laisser le passage libre. Cet exploit de guerre, qui eut pour théâtre le pays de Lyonnais, fut nommé depuis, par dérision, la bataille de Virecul. Le carnaval suivant (1588) se passa à Lyon tout entier en réjouissances; on oublia en peu de jours la dernière disgrâce pour ne s'occuper que de bals, festins, tournois, joules et mascarades. Le mariage de Marguerite de Mandelot, fille unique du gouverneur, avec Charles de Neuville, seigneur d'Alincourt, fils unique de Nicolas de 'Villeroi, secrétaire d'Etat, donna Heu à ces fêtes. Le roi lui-même eu avait conclu tous les articles, dont un des principaux était la survivance du gou- vernement assurée au nouvel époux après la mort de son beau-père. Mais la mort prochaine de Mandelot, la jeunesse d'Alincourt qui pour lors n'était âgé que de vingt-deux ans et les troubles qui survinrent en même temps, suspendirent les effets de la bonne volonté du roi. Le changement de règne qui succéda tôt après, et les occasions d'employer ailleurs ce jeune seigneur, retardèrent l'exécution de cette promesse royale jusqu'en l'année 1608, qu'il en prit possession. Mandelot