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 Subissant des saisons la variable Haleine,
 Et tout le long du jour des passans insulté,
Il végète, il languit; son vieux tronc qui s'incline,
Chancelle au moindre choc sur sa frêle racine ;
Sur ses branches jamais l'oiseau n'abat son vol,
Il ne jette aux passans qu'une ombre désolée,
El bien long-temps avant la première gelée,
Son feuillage jauni tombe et couvre le sol.
Tel fut mon sort : à peine arrivé dans ce monde,
Les autans ont battu ma tête frêle et blonde ;
Ils ont fait de mes jours vaciller le flambeau,
Et sous un ciel couvert d'un voile monotone ,
.Te me suis effeuillé comme une fleur d'automne
Dont chaque vent emporte en passant un lambeau.
.l'ai vu les miens, ainsi que des feuilles fanées,
Tomber l'un après l'autre au souffle des années;
.Te les ai de mes mains revêtus du linceul ;
J'ai pleuré sur leurs fronts immobiles et mornes,
Et je suis retombé dans une nuit sans bornes,
Alors qu'ouvrant les yeux j'ai vu que j'étais seul.
Comme des pèlerins qui s'en vont en voyage,
Je les ai, faible enfant, suivis jusqu'au rivage
Où nous devions, hélas! nous quitter pour jamais;
J'ai vu l'affreuse barque, ouvrant ses sombres voiles ,
S'éloigner à travers une mer sans étoiles ,
Emportant mon espoir et tout ce que j'aimais.
Oh! quel langage humain et quelle poésie
Pourraient rendre l'horreur dont j'eus l'ame saisie,
Lorsque rentrant le soir, l'Å“il en pleurs, le front bas,
Je parcourus, suivi d'une lampe livide,
Ces corridors déserts, cette demeure vide
Où rien ne résonnait que le bruit de mes pas !
Mais pourquoi s'affliger? Les plus enracinées
Des douleurs, en passant au travers des années,
Dépouillent à la fin ce qu'elles ont d'amer,
Comme ces noirs torrents, qui dans leur longue course
Déposant sur les prés la fange de leur source,
Arrivent clairs et purs au gouffre de la mer.
Or donc, le temps avait, ainsi qu'il a coutume,