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Ml «»es Hbres ! En mettant le pied sur cette terre sacrée , ils Sem- blaient y puiser un nouveau degré d!énergie ; tremblez , tyrans, nous avons touché la montagne, et plus sages que le géantfabu- leux, nous saurons y rester attachés, nous sommes invincibles. Il faut qu'une fête nationale porte, jusque dans ses moindres détails, l'empreinte et le caractère du génie qui l'a inspirée : un repas frugal et civique a couronné la fête ; les représentant du peuple ont donné l'exemple , une cuillère de bois à la main, ils se sontapprochés de la gamelle et ont mangé avec le peuple; dans aucune partie de la fête ils n'ont été plus beaux, car alors ilsétoient le peuple, et le peuple ètoit eux ; toutes les distinctions avoi en t disparu ; heureuse confusion , désordre sublime qui se coordonne à tous les principes en les propageant, qui s'allie à toutes les règles de la morale et delà politique républicaine! Je ne pousserai pas plus loin, mon ami, la description d'un jour qui restera éternellement dans ma mémoire. J'y ai goûté toutes les jouissances ; j'y ai joui de ma satisfaction personnelle ; j'y ai été heureux du bonheur des autres. Ce qui a redoublé mes plaisirs , c'est que dans un rassemblement si nom- breux, aucun événement malheureux n'est venu en troubler la pureté ; j'ai vu avec trausport que le peuple , quelque égaré qu'il ail pu être, est toujours le peuple, toujours bon, toujours dis- posé à r'ouvrir son amc aux impressions de la vertu ; car la vertu éloit vraiment l'ame de celle fête, et le peuple y a pris part. Je ne le dissimulerai pas néanmoins que j'eusse désiré encore quelques degrés d'explosion et de chaleur dans cette masse im- mense de citoyens; je me rappelois ces belles fêles que nous avons célébrées ensemble à Paris, où la réunion du peuple presenloit l'image d'un volcan enflammé, exhalant avec fierté les feux d'un patriotisme brûlant; où pas un seul citoyen n'eut osé déshonorer de son silence le passage de la statue de la République et de l'Egalité ; je ne te dirai donc pas que cette fête ne m'ait pas laissé quelques regrets ; mais tu n'ignores pas non plus que le souvenir d'une grande faute laisse une impression triste cl profonde dans l'ame du coupable, et j'aime à croire que l'espèce de stupeur que j'ai encore remarquée sur bien des visages, étoit plutôt l'abatte- ment du repentir que la glace de l'indifférence •