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avec la pierre par la couleur de son sac et l'immobilité de sa per-
sonne , que le voisin qui savait qu'il était l à , ne pouvait pas
même le distinguer.
   Un rugissement prolongé annonça l'ours ; cinq minutes après ,
François l'aperçut.
   Il passa hors de la portée de l'arme de François, mais à dix pas,
tout au plus , du bout du fusil de Guillaume. Guillaume ne bougea
pas. Mais au moment où se dressant sur ses pattes de d e r r i è r e ,
l'ours embrassa le tronc du poirier de ses deux pattes de devant;
Guillaume lâcha son coup. La vallée entière ne retentit et l'animal
mortellement atteint^ s'enfuit, poussant un rugissement horri-
ble. Il repassa sans l'apercevoir à dix pas de Guillaume qui avait
rentré ses bras et sa tête dans son sac et qui se confondait de nou-
veau avec le rocher.
   François voyait tout cela et retenait son "haleine. L'ours blessé
venait droit à lui ; il fit un signe de croix, recommanda son ame à
Dieu et s'assura que sa carabine était armée. L'ours approchait
hurlant de d o u l e u r , s'arrêtantpour se rouler et se mordre le flanc
à l'endroit de sa blessure, p u i s , reprenant sa course. Il n'était
plus qu'à trente pas lorsqu'il s'arrêta tout-à-coup, aspira bruyam-
ment le vent qui venait du côlé du village, jeta une voix terrible
et rentra dans le verger. L'ours avait éventé Guillaume. — A t o i ,
à toi! prends garde, s'écria François ! et il s'élança à la poursuite
du monstre. Presque au même instant, il entendit un cri humain ;
un cri de terreur et d'agonie ; un c r i , dit le narrateur de Dumas ,
dans lequel, celui qui le poussait, avait rassemblé toutes les for-
ces de sa poitrine, toutes ses prières à Dieu, toutes ses demandes
de secours aux hommes : — à moi!!!
   Puis rien ; tout fut silence        François volait. L'ours était telle-
ment acharné à sa proie, qu'il ne parut pas d'abord s'apercevoir
de l'arrivée de ce nouvel ennemi. Mais bientôt se dressant sur
ses pattes de d e r r i è r e , il s'élança debout pour l'étouffer. Son
poitrail bourrait le canon de la carabine de François ; celui-ci ap-
puya le doigt sur la gâchette ; l'ours tomba à la renverse ; la balle
lui avait traversé la poitrine et brisé la colonne vertébrale. Fran-
çois courut à Guillaume. Ce n'était plus que des os et [des flam-
beaux de chair...