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208 avec la pierre par la couleur de son sac et l'immobilité de sa per- sonne , que le voisin qui savait qu'il était l à , ne pouvait pas même le distinguer. Un rugissement prolongé annonça l'ours ; cinq minutes après , François l'aperçut. Il passa hors de la portée de l'arme de François, mais à dix pas, tout au plus , du bout du fusil de Guillaume. Guillaume ne bougea pas. Mais au moment où se dressant sur ses pattes de d e r r i è r e , l'ours embrassa le tronc du poirier de ses deux pattes de devant; Guillaume lâcha son coup. La vallée entière ne retentit et l'animal mortellement atteint^ s'enfuit, poussant un rugissement horri- ble. Il repassa sans l'apercevoir à dix pas de Guillaume qui avait rentré ses bras et sa tête dans son sac et qui se confondait de nou- veau avec le rocher. François voyait tout cela et retenait son "haleine. L'ours blessé venait droit à lui ; il fit un signe de croix, recommanda son ame à Dieu et s'assura que sa carabine était armée. L'ours approchait hurlant de d o u l e u r , s'arrêtantpour se rouler et se mordre le flanc à l'endroit de sa blessure, p u i s , reprenant sa course. Il n'était plus qu'à trente pas lorsqu'il s'arrêta tout-à -coup, aspira bruyam- ment le vent qui venait du côlé du village, jeta une voix terrible et rentra dans le verger. L'ours avait éventé Guillaume. — A t o i , à toi! prends garde, s'écria François ! et il s'élança à la poursuite du monstre. Presque au même instant, il entendit un cri humain ; un cri de terreur et d'agonie ; un c r i , dit le narrateur de Dumas , dans lequel, celui qui le poussait, avait rassemblé toutes les for- ces de sa poitrine, toutes ses prières à Dieu, toutes ses demandes de secours aux hommes : — à moi!!! Puis rien ; tout fut silence François volait. L'ours était telle- ment acharné à sa proie, qu'il ne parut pas d'abord s'apercevoir de l'arrivée de ce nouvel ennemi. Mais bientôt se dressant sur ses pattes de d e r r i è r e , il s'élança debout pour l'étouffer. Son poitrail bourrait le canon de la carabine de François ; celui-ci ap- puya le doigt sur la gâchette ; l'ours tomba à la renverse ; la balle lui avait traversé la poitrine et brisé la colonne vertébrale. Fran- çois courut à Guillaume. Ce n'était plus que des os et [des flam- beaux de chair...