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108 ans que je suis marié. Ainsi je puis compter annuellement 24 livres pour les frais de couche et de baptême ; 108 livres pour l'année de deux nourrices , ayant communément deux enfans en nourrice, quelquefois même trois. Je paye de l o y e r , à un qua- t r i è m e , 57 livres, et d'imposition 14 livres. Mon profit se trouve donc réduit à 436 livres, ou à 25 sous 3 deniers par jour, avec lesquels il faut se vêtir, se m e u b l e r , acheter le bois, la chandelle , et vivre, ma f e m m e , moi et six enfans. Je ne vois qu'avec effroi arriver des jours de fêtes. Il s'en faut très-peu , je vous en fais ma confession , que je ne maudisse leur institution : elle ne peut avoir été faite que par des gens qui a- vaientleur pain c u i t , me dis-je ; le dimanche ne suffirait-il pas ? Ne serait-il pas mieux célébré s'il était seul? Et puis , quel profit du côté de l'amendement du peuple ? Les jours de fête ne se passent-ils pas entièrement dans le cabaret? Ne se rend-on pas malade pour le lendemain, et quelquefois pour plusieurs jours de suite? Je crois qu'il n'y a que les cabaretiers, ceux qui tiennent des guinguettes, qui aient intérêt à leur conservation. Mon père m'a fait étudier jusqu'à ma seconde, et voulait à toute force que je fusse moine , m e faisant entrevoir dans cet état une vie assurée contre les besoins. Mais j'ai toujours pensé que chaque homme doit son tribut à la société , et que les moines sont des guêpes inutiles qui mangent le travail des abeilles. Je vous avoue cependant que quand je vois Jean C***, avec le- quel j'ai étudié, et qui était le garçon le plus paresseux du col- lège, posséder les premières places chez les Chartreux, je ne puis m'empêcher d'avoir quelques regrets de n'avoir pas assez écouté les avis de mon père. Je suis à la troisième fête de Noël : j'ai en- gagé le peu de meubles que j'avais; je me suis fait avancer une semaine par mon bourgeois , je manque de pain ; comment pas- ser la quatrième fête? Ce n'est pas tout. J'en entrevois encore quatre autres dans la semaine prochaine : grand dieu ! huit fêtes dans quinze jours! Est-ce vous qui l'ordonnez! Il y a un an que l'on me fait espérer que les loyers vont diminuer par la suppres- sion d'une des maisons de capucins et de cordeliers : que de maisons inutiles dans le centre d'une ville comme L y o n , les Ja- c o b i n s , les dames de St-Pierre , etc. Pourquoi ne pas les écarter