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résumaient pas tout le drame auquel elles servent de prélude ; s'il en est ainsi,
retranchons celle de Lestocq, car il est impossible de lui attacher aucun sens re-
latif au drame.
    Si l'on voulait, on ferait pour l'ouverture de la Muette , un programme à l'instar
de ceux de Berlioz , et ce programme tracerait, tour-à-tour , les angoisses d'une
jeune fille trompée , les cris de fureur d'un peuple révolté , son triomphe , sa dé-
faite ; cette symphonie esta mon avis un drame complet. Celle de Lestocq est assez
jolie, la manière dont le haut-bois entre en scène est heureuse ; plus loin, une
charmante mélodie de clarinette se trouve subitement remplacée par un allégro
tapageur, dont le but devrait être , d'après ce que j'ai dit, d'acclamer le triomphe
de la reine Elisabeth; mais il manque pour cela de dignité et de noblesse. Cet
allégro se retrouve à la fui du premier acte, dans un beau chœur chanté par
des soldats, et là , il est bien placé ; car ce sont de joyeux et gais conspirateurs les
soldats de NOWOGOKOOD. Voyez : les voilà à table ; vous croyez qu'ils vont déjeuner
 en militaires affamés, puis complotter sourdement et se chucholter mille plans de
réussite? Du tout, ils vont chanter, chanter le verre à la main.... St-Nicolas et
 Bacchus, voilà leurs divinités ! ces couplets de table sont délicieux; la coupe en
est dramatique ainsi que l'harmonie ; à Paris, on les a applaudis à tout rompre.
 C'est qu'à Paris on n'est jamais en reste de bravos, dés qu'il s'agit de mettre les
tyrans à mort : ici les applaudissemens ont été assez froids; c'est que toutes les
fois que nous avons voulu tuer la tyrannie, c'est elle qu' nous a tués ou emprisonnés.
   Au second acte avez-vous remarqué ces couplets qui finissent en DUO , entre
Lestocq et Catherine, quelle fraîcheur et quelle simplicité; c'est un des mor-
ceaux les plus heureux de l'ouvrage ; il a eii effet un agréable parfum de cette
époque de Louis.XV. Que si vous vous plaignez de cette simplicité que j'aime
tant, moi, écoutez l'orchestre , remarquez cette gracieuse mélodie des violons ,
et alors soyez de mon avis. Après cela vient le quatuor , le fameux quatuor dont on
parlait tant; c'est en effet une Å“uvre tres-remarquable , le motif en est ravissant,
et surtout la succession d'accords qui y ramène ; cet acte se termine par un septuor
qu'on applaudit beaucoup et qui mérite de l'être.
   Pensez-vous comme moi que la reine doit toujo urs se révéler, même sous le
costume de la bergers? si tel est votre avis, n'avez-vous pas trouvé indigne d'Eli-
sabeth et surtout d'Auber, cette introduction d'orchestre et ces couplets chantés
par la reine ? Auber a voulu être original et il a été trivial ; au quatrième acte,
Madame Dérancourt n'a pu, avec son admirable talent, donner à son grand air
la verve et la couleur qui manquent à cette composition. Voici Lestocq, Lestocq
trahi par Elisabeth , sur le point d'être livré à ses ennemis ; Lestocq voué â une
mort presque certaine se prend à regreter la France sa patrie , il y avait là le motif
d'un bel air. Quoi de plus dramatique que cette position du docteur intrigant? quoi
de plus capable d'inspirer un compositeur que ce mot magique de patrie qui a ins-
piré tant d'artistes, peintres, poètes et musiciens ? Tout en causant avec lui-même