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     « Et ce noble et généreux ami, par qui elle a voulu trois fois être représentée,
 (était un homme de bien, excellent en tout, qui s'était consacré à d'importantes
 études, qui a rencontré la gloire sans l'avoir cherchée.
     « Dugas-Montbel fut un esprit aimable et conciliateur ; quoique voué à des tra*
 vaux d'inspiration et de persévérance, qui d'ordinaire exigent la retraite et sup-
 posent l'isolement, il n'était resté étranger qu'aux passions et aux inimitiés des
 partis. 11 savait les choses générales , il réfléchissait sur les idées du temps; à l'égal
 de tous les hommes éminensdu siècle, il vivait de la forte et puissante vie de l'hu-
 manité. C'est qu'il était profondément moral, religieux , chrétien.
     « Lorqu'il fut envoyé pour la première fois à la députation, c'était au mois de
 juillet 1850. Mais que viens-tu faire , mon noble et studieux ami? toi, messager
 de paix, tu viens te jeter entre les partis, et tu te trouveras précipité dans les
 entrailles d'une révolution !
     a Toutefois, son courage n'a point failli, mais son courage l'a tué.
    « Mon trop confiant ami, je t'avais vu si heureux , si plein de vie intellectuelle
et poétique, lorsque naguère nous visitions ensemble les ruines de Rome, le
 golfe et les îles de Naples , le plateau de Sorente ; lorsque nous faisions ensemble
 cette riche moisson de souvenirs qui devait nous suffire jusqu'à notre lin ; et voilà
que tu accours vers le gouffre creusé par tant de fautes, toi, si innocent de toutes
les fautes commises. Et moi, ami, tu m'as laissé sur le bord de l'abîme, pour te
dire un solennel et dernier adieu !
    « Ami de plus de quarante ans, je ne t'ai point perdu; nous nous trouverons
 dansles lieux où l'on ne compte ni les jours ni les années. En attendant, sois béni
pour l'exemple que tu nous as légué, pour ta mémoire intacte, "pour tes travaux
 accomplis, pour tes veilles inachevées.
    « Ainsi, la ville de Lyon a immolé deux grandes et nobles victimes : Camille
Jordan et Dugas-Montbel.
    « Qu'il me soit permis, en ce jour funèbre , de réunir dans ma triste pensée
deux amis si chers à tous , deux amis qui furent eux-mêmes réunis dans la même
pensée patriotique et religieuse.
    « Un pays qui peut immoler de telles victimes, des victimes d'une telle excel-
lence, est un pays bien sûr d'accomplir sa régénération. »

   Après le discours de M. Ballanche, M. Alexandre de Laborde ,
questeur de la chambre, a retracé en quelques paroles fort ex-
pressives la part que M. Dugas-Montbel avait prise aux travaux
législatifs, durant sa trop courte carrière politique.
   Arrivé sur la tombe, le cortège était très-nombreux, et témoi-
gnait par son religieux recueillement, toute sa vénération pour la
mémoire d'un si excellent citoyen, d'un savant qui honore notre
patrie à tant de titres.