L'HONNEUR NATIONAL
L'Evénement raconte l'incident suivant, qui signala l'un des derniers conseils du. précédent ministère :
C'était après l'arrestation de M. Sehaae, bêle. Quelqu'un au conseil dit : « Mais si M. Sehaebele a été arrêté en Allemagne et qu'il soit convaincu d'avoir pratiqué l'espionnage contre les Allemands, nous ne pouvons pas exiger son élargissement. »
Cet avis timoré émut plusieurs ministres, et surtout le général. Celui qui l'avait émis continua : « Il faut tout faire pour éviter la guerre : la France ne nous pardonnerait pas de faire la guerre. •»
— Elle ne vous pardonnera pas de l'humilier, répliqua sévèrement le général. Boulanger.
. La plupart de ses collègues, et entre autres MM. Goblet et Lockroy, l'approuvèrent vivement.
« Pour moi, poursuivit-il, si le conseil ne décide pas d'exiger coûte que coûte l'élargissement du commissaire de police, je m'en vais. Voilà mon portefeuille, je le laisse sur cette table, je pars tout déduite, je ne veux pas être impliqué dans une honte pareille. »
Cette énergique déclaration, appuyée par les ministres que nous venons de citer et par l'amiral Aube, emporta . la majorité. Il fut décidé que la.mise en liberté de M. Schnaebelé. serait exigée.
Rien n'est plus .honorable,, pour le général Boulanger,; que cette attitude ferme et digne. Sans lui,, ce n'est pas douteux, sans son intervention généreuse, M. Schnaebelé eût certainement figuré au procès de Leipzig, qui s'est terminé hier par un si révoltant verdict, -et nous aurions subi l'humiliation de le voir condamner, sans l'avoir défendu.
