Autour âe la Séparation

Une enquête. — Vers ia séparation

Des conséquences. — >-a crainte

d'un schisme

Déclarations de l'abbé Odejin

Paris, 4 août.

La rupture des relations diplomatiques avec le Vatican, voulue par le gouvernement, fait craindre que la question de la séparation de l'Eglise et de l'Etat ne.se pose de nouveau dès la rentrée des Chambres.

Lors de son récent discours à Carcassonne, M. Combes n'en a-t-il pas envisagé l'éventualité, en déclarant que cette solution du problème clérical était dans les voeux de tout le parti républicain?

Plusieurs points d'interrogation se posent donc dès maintenant :

Que va-t-il se passer? Comment vivra l'Eglise ? Comment s'organisera-t-ellé ? Que feront les catholiques pour lui assurer les fonds nécessaires aux besoins du culte ? Quelles seront les conséquences de la séparation ?

Dans queUe situation se trouvera la société civile vis à-vis de l'Egise et l'Eglisevis à vis de la société civile ? Que penser du projet de séparation Briand, qui a été adopté par la commission spéciale ef qui sera présenté au Parlement' à la rentrée, avec l'appui du gouvernement ? l'Auronsnous, selon la îormule.une.Eglise'libre dans l'Etat libre ?

Le Figaro commence dès aujourd'hui, sur ces diverses questions, la publica ion d'une série de consultations de personnalités des plus autorisées. Il consacre un premier article à une interview de M. l'aboé Odelin, vicaire général de l'archevêcné de Paris, qui a fait les déclarations suivantes:

« Nous ne nous faisons aucune illusion. La séparation sera votée. Le gouvernement va s'emparer, à la rentrée, du projet Briand adopté par la commission et il est'probable qu'il retrouvera une fois encore ûue majorité fidèle, mais, ce projet, il faudra le discuter etil sera discuté par nous, article par article. Croyez le bien, nous né nous laisserons pas ainsi dépouiller. I

« La commission a déjà fait des modifications. Nous avons lieu de croire qu'il y ei aura d'autres et, quand le projet, sera voté il faut prévoir une crise profonde à ce moment. Nous sommes restés très calmes Nous avons la plus grande confiance dans l'avenir, mais, la séparation faite, Il entre dans l'existence de 1 Eglise une part d'inconnu qui n'est pas sans nous donner de: inquiétudes et qui doit en donner à tou. les catholiques, pour que précisément l'appréhension commune du péril réveille leur zèle et les fasse s'unir en un suprême élan.

o On a parlé de schisme, d'Eglise nationale gallicane, que sais-je ? Cela nous fait sourire. A cet instant solennel, il y aura d'un côté tous les croyants groupés en bloc et, de l'autre, tous les athées, libres-penseurs et francs-maçons. Bien que sûrs, du triomphe final, cette séparation ne nous livre pas moins à l'inconnu.

a Vous me demandez : a Que se passéra« t il au lendemain de la dénonciation du « Concordat ?» Je vous réponds : « Je n'en a sais rien. »

Sur la grave question des besoins du culte et de l'organisation d'une calsse.l'abbé Odelin a dit :

« Si nous étions un pays comme la Belgique, de quatre ou cinq diocèses, nous aurions recours à une caisse centrale. En France, où il y a quatre vingt-dix diocèse-, en comptant ceux des colonies, la chose me semble impossible. Une caisse centrale exigerait une orranhation trop vaste et trop compliquée. On n'en sortirait pas. Il conviendra d établir des subdivisions, do grouper les départements par réglons ou simplement d'instituer une caisse autonome dans chaque diocèse.

o Une caisse par diocèse, voilà qui simplifierait tout, ce qui n'empêcherait pas les diocèses pauvres dêtre secourus par d'autres plus riches. Il y aura des dineèses pauvres, il y en a déjà aujourd'hui. Il faudra, de toute nécessité, s'occuper d'eux.

« A Paris, la plupart des paroisses se'ont à l'abri, dans les grandes villes aussi ;.mai?-, dans les campagnes, où le casuel est nul, pour aider ces paroisses . pauvres, nos oeuvres seront éminemment utiles. Le projet de M. Briand, loin de défendre ces secours étrangers d associations laïques, paraît au contraire les avoir prévus et les autoriser. »

Et l'abbé Odelin termine par ces paroles:

o La séparation ne nous donne par ellemême aucune crainte. La séparation, nous. la voulons bien, mais qu'on nous laisse libres de porter partout la parole de Dieu. Nous ne réclamons que cette seule et unique; chose, la liberté ; qu'on accorde à tout citoyen la liberté comme aux Etats-Unis, où les gens qui ne croient pas. respectent les idées religieuses.où les gens de religion dit > férente vivent en une parfaite harmonie.No' tre crainte est toute dans cette pensée que la liberté de conscience ne sera jamais qu'un vain motet qu'un leurre, avec des gouvernants qui ont déclaré la guerre, non pas à telle on telle Eglise, mais à la religion, a toutes les religions.

« La séparation, nous l'accepterions avec joie, si elle ne prenait l'aspect d'une persécution nouvelle et si le but n'était pas de déchristianiser la France. »

La crainte d'un schisme

Paris, 4 août.

On a dit que M. Combes, dans sa guerre contre l'Eglise, tendrait à établir un schisme en France. Ce schisme est-il réalisable actuellement, dans la situation présente de l'Eglise de France, tant à l'égard de Rome que du gouvernement?

L'Eclair est aile demander à ce sujet son opinion à un prélat des plus autorisés qui lui a fait d'intéressantes déclarations, dent voici les principaux passages :

Le président du conseil nourrit le projet Insensé da supprimer le Concordat, en maintenant le budget des cultes et en réservant a l'Etat seul la nomination des évêques. Je n'examine pas, pour l'instant, si cela est réalisable. Il suffit que M. Combes le veuille réaliser pour que son dessein schismatique apparaisse très clairement. Les sévérités du ministre pour Mgr Le Nordez et son attitude vis-à-vis de Mgr'Geay n'y ajoutent qu'une évidence supplémentaire, une évidence tout de même qu'il ne faut pas dédaigner.

Si le départ do l'évêque de Dijon pour Rome a causé à M. Combes tant da surprise et de jfolère, c'est qu'il avait fondé iwr eç projet tçs

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Contenu textuel de l'image : La rupture des relations diplomatiques avec le Vatican, voulue par le gouvernement, fait craindre que la question de la séparation de l'Eglise et de l'Etat ne.se pose de nouveau dès la rentrée des Chambres.
Contenu textuel de l'image : Lors de son récent discours à Carcassonne, M. Combes n'en a-t-il pas envisagé l'éventualité, en déclarant que cette solution du problème clérical était dans les voeux de tout le parti républicain?
Contenu textuel de l'image : Plusieurs points d'interrogation se posent donc dès maintenant :
Contenu textuel de l'image : Que va-t-il se passer? Comment vivra l'Eglise ? Comment s'organisera-t-ellé ? Que feront les catholiques pour lui assurer les fonds nécessaires aux besoins du culte ? Quelles seront les conséquences de la séparation ?
Contenu textuel de l'image : Dans queUe situation se trouvera la société civile vis à-vis de l'Egise et l'Eglisevis à vis de la société civile ? Que penser du projet de séparation Briand, qui a été adopté par la commission spéciale ef qui sera présenté au Parlement' à la rentrée, avec l'appui du gouvernement ? l'Auronsnous, selon la îormule.une.Eglise'libre dans l'Etat libre ?
Contenu textuel de l'image : Le Figaro commence dès aujourd'hui, sur ces diverses questions, la publica ion d'une série de consultations de personnalités des plus autorisées. Il consacre un premier article à une interview de M. l'aboé Odelin, vicaire général de l'archevêcné de Paris, qui a fait les déclarations suivantes:
Contenu textuel de l'image : « Nous ne nous faisons aucune illusion. La séparation sera votée. Le gouvernement va s'emparer, à la rentrée, du projet Briand adopté par la commission et il est'probable qu'il retrouvera une fois encore ûue majorité fidèle, mais, ce projet, il faudra le discuter etil sera discuté par nous, article par article. Croyez le bien, nous né nous laisserons pas ainsi dépouiller. I
Contenu textuel de l'image : « La commission a déjà fait des modifications. Nous avons lieu de croire qu'il y ei aura d'autres et, quand le projet, sera voté il faut prévoir une crise profonde à ce moment. Nous sommes restés très calmes Nous avons la plus grande confiance dans l'avenir, mais, la séparation faite, Il entre dans l'existence de 1 Eglise une part d'inconnu qui n'est pas sans nous donner de: inquiétudes et qui doit en donner à tou. les catholiques, pour que précisément l'appréhension commune du péril réveille leur zèle et les fasse s'unir en un suprême élan.
Contenu textuel de l'image : o On a parlé de schisme, d'Eglise nationale gallicane, que sais-je ? Cela nous fait sourire. A cet instant solennel, il y aura d'un côté tous les croyants groupés en bloc et, de l'autre, tous les athées, libres-penseurs et francs-maçons. Bien que sûrs, du triomphe final, cette séparation ne nous livre pas moins à l'inconnu.
Contenu textuel de l'image : a Vous me demandez : a Que se passéra« t il au lendemain de la dénonciation du « Concordat ?» Je vous réponds : « Je n'en a sais rien. »
Contenu textuel de l'image : Sur la grave question des besoins du culte et de l'organisation d'une calsse.l'abbé Odelin a dit :
Contenu textuel de l'image : « Si nous étions un pays comme la Belgique, de quatre ou cinq diocèses, nous aurions recours à une caisse centrale. En France, où il y a quatre vingt-dix diocèse-, en comptant ceux des colonies, la chose me semble impossible. Une caisse centrale exigerait une orranhation trop vaste et trop compliquée. On n'en sortirait pas. Il conviendra d établir des subdivisions, do grouper les départements par réglons ou simplement d'instituer une caisse autonome dans chaque diocèse.
Contenu textuel de l'image : o Une caisse par diocèse, voilà qui simplifierait tout, ce qui n'empêcherait pas les diocèses pauvres dêtre secourus par d'autres plus riches. Il y aura des dineèses pauvres, il y en a déjà aujourd'hui. Il faudra, de toute nécessité, s'occuper d'eux.
Contenu textuel de l'image : « A Paris, la plupart des paroisses se'ont à l'abri, dans les grandes villes aussi ;.mai?-, dans les campagnes, où le casuel est nul, pour aider ces paroisses . pauvres, nos oeuvres seront éminemment utiles. Le projet de M. Briand, loin de défendre ces secours étrangers d associations laïques, paraît au contraire les avoir prévus et les autoriser. »
Contenu textuel de l'image : Et l'abbé Odelin termine par ces paroles:
Contenu textuel de l'image : o La séparation ne nous donne par ellemême aucune crainte. La séparation, nous. la voulons bien, mais qu'on nous laisse libres de porter partout la parole de Dieu. Nous ne réclamons que cette seule et unique; chose, la liberté ; qu'on accorde à tout citoyen la liberté comme aux Etats-Unis, où les gens qui ne croient pas. respectent les idées religieuses.où les gens de religion dit > férente vivent en une parfaite harmonie.No' tre crainte est toute dans cette pensée que la liberté de conscience ne sera jamais qu'un vain motet qu'un leurre, avec des gouvernants qui ont déclaré la guerre, non pas à telle on telle Eglise, mais à la religion, a toutes les religions.
Contenu textuel de l'image : « La séparation, nous l'accepterions avec joie, si elle ne prenait l'aspect d'une persécution nouvelle et si le but n'était pas de déchristianiser la France. »
Contenu textuel de l'image : La crainte d'un schisme
Contenu textuel de l'image : Paris, 4 août.
Contenu textuel de l'image : On a dit que M. Combes, dans sa guerre contre l'Eglise, tendrait à établir un schisme en France. Ce schisme est-il réalisable actuellement, dans la situation présente de l'Eglise de France, tant à l'égard de Rome que du gouvernement?
Contenu textuel de l'image : L'Eclair est aile demander à ce sujet son opinion à un prélat des plus autorisés qui lui a fait d'intéressantes déclarations, dent voici les principaux passages :
Contenu textuel de l'image : Le président du conseil nourrit le projet Insensé da supprimer le Concordat, en maintenant le budget des cultes et en réservant a l'Etat seul la nomination des évêques. Je n'examine pas, pour l'instant, si cela est réalisable. Il suffit que M. Combes le veuille réaliser pour que son dessein schismatique apparaisse très clairement. Les sévérités du ministre pour Mgr Le Nordez et son attitude vis-à-vis de Mgr'Geay n'y ajoutent qu'une évidence supplémentaire, une évidence tout de même qu'il ne faut pas dédaigner.
Contenu textuel de l'image : Si le départ do l'évêque de Dijon pour Rome a causé à M. Combes tant da surprise et de jfolère, c'est qu'il avait fondé iwr eç projet tçs
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