BUGNES A L'ÉPERON
Un de nos brouteurs de chardons clandestins de première catégorie, marié et père de famille, avait un fournisseur unique et spécial pour les objets de toilette dont il pourvoyait largement ses impures. Son choix, de fort bon goût du reste, se fixait toujours sur les plus riches étoffes ou les dentelles du plus fin réseau.
Jamais le client n'objectait un mot contre le prix des riches tissus étalés sous ses yeux. Rien n'était trop beau, rien n'était trop cher pour faire litière à ses amours... extra-sacrement... je n'ose pas dire dégoûtantes; et pourtant quel fumier sous la litière!
Un jour le fournisseur, empressé comme d'habitude, présentait à notre amateur de biches un assortiment de soieries de haute nouveauté, dont il lui offrait la primeur.
— Quel est le prix de cela? dit notre satyre marié. Le vendeur, stupéfait de la question, énonça le
prix de trente francs le mètre.
— Oh ! oh ! pas cela ; c'est beaucoup trop cher ! montrez-moi quelque chose...
— Dans les prix doux ?
— Oui, dans les sept ou huit francs;... c'est pour ma femme.
Et l'on prétend que la toilette des épouses... légitimes est ruineuse pour la bourse des maris?.. Allons-donc! c'est une atroce blague !
C'est bien! Je crois que vous pourrez me convenir, disait une maîtresse de maison à une fille domestique qui se présentait chez elle en qualité de bonne pour tout faire... C'est entendu : vous ne frotterez pas, vous ne laverez pas ; point de repassage, et l'on vous fera monter l'eau et le charbon. Maintenant, quel gage voulez-vous gagner ?
— Dans la place que je quitte j'avais 350 francs, mais j'en veux gagner 400... et des étrennes!
— Quatre cents francs! Mais, ma fille, vous n'y pensez pas : vous exigez une diminution de travail, et vous voulez une augmentation de gages ; cela n'a point de raison.
— Oh ! madame, les vivres sont si chers! La raison était péremptoire.
La maritorne obtint ses 400 francs.... Les vivres sont si chers!
On reprochait à un journaliste trop malin de n'épargner personne, et de frapper un peu à tort et à travers.
Laissez donc, dit-il, si on regardait toujours où l'on met les pieds, on n'écraserait jamais de punaises.
Monsieur M..y, négociant de notre ville, est riche, trop riche même, puisque son argent n'a servi qu'à le rendre plus sot qu'il ne l'était naturellement.
Trop connu à Lyon, il y est encore un peu réservé, mais à Nice et aux Eaux lui et sa femme se font annoncer partout sous le nom de M. le comte et Mme la comtesse de M..y.
Comme il y a eu à Lyon une ancienne famille qui portait ce nom, un érudit demandait il y a quelque temps à l'un de nos compatriotes si le riche négociant ne descendait pas de cette famille.
— Oh ! non , répondit-on , il descend seulement de la Croix-Rousse.
Un mariage avait lieu dans l'église Saint-Nizier. Beaucoup de toilettes, de luxe, de richesses, de voitures.
Le père de la mariée, un peu empêtré dans son ,
habit noir, gourmande vigoureusement son cocher et l'apostrophe d'une façon plus qu'énergique.
La jeune mariée, qui descendait après lui, scandalisée de la sortie indécente de son père, et voulant donner d'elle une opinion au dessus de celle que les assistants pouvaient en prendre, dit à l'auteur de ses jours : Ah ça, papa, tu es dégoûtant, auras-tu bientôt fini de gueuler comme ça !
Un individu rencontre un philosophe, ours mal léché s'il en fut, et le salue en lui disant :
-- Bonjour, maître !
A quoi l'autre répond :
— Maître de qui? maître de quoi?.. De mon potage quand je l'ai absorbé, et encore n'en suis-je maître que pendant une journée, puisque le lendemain... il reprend sa liberté.
C'était à un dîner de cocottes; on apporte au dessert un fromage avancé.
Chacun de se boucher le nez. L'une des cocottes se met à pleurer.
— Qu'as-tu, lui demandent ses voisins; es-tu malade?
— Non, fait-elle, c'est ce fromage.... hi, hi, hi.
— Eh bien! quoi, que te fait ce fromage?
— Hi, hi, hi, répond l'hétaïre, son odeur me rappelle les pieds d'un homme que j'ai bien aimé!
GNAFRON.