— N° 1 —

M GOUVERNANTE MODÈLE

HISTOIRE LYONNAISE

Mme veuve Du Boys à Mlle Noémie Imoël.

Bravo ! Brava ! Bravi ! Ma chère, comme dit ton prince Barlotti. — Grande victoire sur toute la ligne... Enfoncés les retranchements, comme mon époux criait, en trépassant... car, sans être soldat, moi, j'ai tout pris à l'assaut. Je suis au coeur de la place et j'y commanderai bientôt, s'il plaît à Dieu ... peut être... A moi ! pour sûr... patience.

Tu dois trouver que mes lettres se suivent et ne se ressemblent pas. Mes jours non plus, très chère ! Or donc, si tes leçons sont données, mets toi sous clef pour deux heures et lis ce journal qui ne t'endormira pas, je te l'assure !

Il y a sur le quai où ma bonne étoile m'avait conduite en arrivant à Lyon, une habitation splendide, sur laquelle je jetais, de ma chétive fenêtre, bien des regards d'envie. Pourquoi? de prime abord, me suis-je intéressée à ce voisinage luxueux... Moi qui ai tant ressassé le luxe. Etait-ce à cause du confortable équipage emportant ou ramenant dans la cour une délicieuse baby presque,

chaperonnée par cette dame âgée que je prenais pour sa mère grand et qui, en réalité, n'est que sa grand'tante... ou quelquefois, par deux messieurs, le père et le fils, à mon avis. Cette fois, j'avais deviné. Ils ne se quittaient guère ; à pied, bras-dessus, brasdessous, et à cheval, côte à côte. Edifiants et valant la peine d être notés, car presque tous les pères que j'ai vus à nos pieds fuyaient la compagnie de leurs fils qui eux-mêmes, semblaient loin de rechercher celle de leurs auteurs.

J'avais donc souligné mes voisins, dans les rues, sur les quais et dernièrement au théâtre, assis dans la même loge, et cela huit jours avant le grrrand événement qui me permet de te glisser ce premier viatique de cinq cents francs pour tes étrennes, plus à ton goût probablement que celles que tu recevras de la mère Thérèse, laquelle au su de cette véridique histoire, va bénir la divine Providence qui, une fois de plus, aura bon dos. .

A bout de ressources, d'expédients, je dus fondre toute ma mince garde-robe pour me créer une toilette permettant de figurer pendant une soirée ou deux, car tu sais aussi bien que moi que les hommes sont juste comme les grenouilles et les pies : c'est le clinquant qui les attire.

Je n'avais obtenu qu'un fiasco complet, le monde auquel j'en voulais était grippé d'abord ; puis, en ce moment, les acteurs méritent des pommes cuites; donc, personne au théâtre valant une conquête... Je m'en revenais l'oreille plus que basse, toute prête à reprendre le chemin de Bordeaux. C'était un samedi, lorsqu'on passant devant la maison d'où adorablement assise je t écris

maintenant à loisir, j'aperçus deux personnes, lesquelles ne pouvant soupçonner l'attention fiévreuse que j'apportais à tout ce qui concernait mon voisinage, continuèrent leur aparté en dehors de la porte entr'ouverte, après toutefois s'être assurés que ta belle Judith n'était nullement de leur connaissance. Je ralentis involontairement le pas. Je vis un domestique en livrée, puis une femme enveloppée dans nne mante sombre. Pourquoi cela me parût-il suspect et pourquoi revins -je sur mes pas ! Mystère ! mystère ! comme à 1 fr. 25 la ligne sont régalés du même Mystère les valets et concierges, lecteurs du docte Ponson du Tenail... Eh bien! oui: Mystère! Aussi cherchai je à percer le mystère en me dissimulant dans une allée contigue qui aboutit dans la cour ; elle me ramenait juste sur les deux causeurs.

— Oui, disait le domestique, on cherche une gouvernante pour Mlle Anna et j'ai pensé, M'ame Tatu, que Mlle Louise ferait bien notre affaire, puisqu'elle ne veut plus rester chez ses décalés d'Autrichiens - Vous êtes ben bon, m'sieu Georges, mais comment la faire présenter. Des gens de ce calibre ne prennent pas les premiers venus et sans renseignements. — Sans doute, sans doute, affirma M'sieu Georges, mais je flaire qu'il y aurait quelque chose à tâter du côté de la vieille tante. Connaissez-vous, dans le fourbi qui vous loue des chaises, une dévote pauvre. — Ah ! Jésus, si j'en connais, et par douzaines encore ! — Eh bien ! cherchez en donc une qui possède un peu de chic... Mais là, pas trop... Enfin, vous savez... Serinez lui sa leçon, en lui promettant, selon l'usage une récompense honnête, si elle réussit, et tout de même une si elle

ne réussit pas (pour clore son bec), donnez lui des arrhes sur le marché et lancez-la à la chasse de la vieille... Ça sera pas difficile, si on lui parle de la Vierge, du bon Dieu et des saints, à propos : quand je pense que cette ancienne m'a donné cinquante balles, un jour où voulant faire la noce, je laissai tout doucettement glisser de ma pochette un chapelet d'emprunt ! — Oh ! m'sieu Georges ! ils ont valu à ma Louisan un mantelet beau à faire prendre la jaunisse à la Claire Ghauffet, vous savez, la fille au coiffeur de la rue Mercière. — Pas possible ! exclama M'sieu Georges en riant..., pauvre fille ! Elle devait être chenue ! — Elle ressemblait à une bouteille d'huile et pas trop épurée encore, ricana la commère à la mante ; mais parlons de Louise, s'il vous plaît.

— Parlons-en toujours, mère Tatu... Et voilà ce que j'oubliais de vous octroyer pour nons aiderait réveillon, dit le galant Prontin, en remettant à son interlocutrice un ballot assez volumineux qui, au changement de propriétaire, laissa arriver à mon oreille exercée les sons bien connu; de bouteilles qui se choquent.

— Grand merci, cher monsieur Georges, pour la petiote et pour moi ! Comme ça, vous y iendrez ?...

— Pardi ! je me ferai un rhume pour ne pas gober la messe avec la tante et les neveux qui, tous bien emballés aux oremus, me ficheront la paix, pour chez vous, où nous trinquerons à l'aise à la santé de Mlle Louisa et de la vôtre, ce qui n'empêchera pas de prendre nos mesures au doigt et à l'oeil.

Nina ! j'en avais assez entendu, pour le projet hardi qui venait de me surgir... Je me hâtai de disparaître; mais mon plan était

prêt, sans savoir encore à quel moment le mettre à exécution. Je rentrai dans ma triste chambre, j'y ranimai les débris de charbon;, car tu sais que, lorsque j'ai froid, je suis sans pensée. Bast! me dis je, confiante, en emplissant de nouveau mon poêle, faisons un feu de joie, car je puis peut-être dire, moi aussi : Eureka !

J'avais une position en vue, il ne me fallait qu'un peu d'adresse, et lorsque le but en vaut la peine, tu sais si Judith Samuel ou Mme Thérèse du Boys n'a jamais laissé échapper le profit. Je ne sentis plus la faim, ni le sommeil; mon Bailly, ronflant comme un sonneur, semblait me dire : En avant. Je restai accoudée sur ma table, la tète dans mes deux mains qui me bouchaient les oreilles, afin qu'aucun des bruits du dehors, se faisant quand même des plus rares, ne vint me distraire. Mille pensées enfin tourbillonnaient autour de mon idée. — Mais laquelle ? demandes-tu. — Etre la gouvernante de cette riche et sage petite fille... cela tout uniment, mia cara... Ici, je te dépasse toujours. Hein?... — Et par quel moyen ? t'écries tu... Je l'ignorais, mais je ne doutais pas un seul instant de la réussite. Je sentis ma volonté : ce fluide de Samson, comme disait le dernier général, effrayé de ma ténacité. J avais ici confiance en tout, sans m'arrèter à rien qu'à l'impossible. Un instant, il me vint à l'idée d'aller, moi aussi, conter mes dévotes misères à la Vénérable. Mais le père, le fils et les amis dont tous les gens opulents regorgent . Puis, cette enfant, paraissant si choyée, devait porter de même sa voix au chapitre ; et si elle, en dépit de tout le monde, ne me voulait pas. Pour mon caractère et ma sécurité, il me fallait entrer par des portes ouvertes à tous les battants.

Mais comment les faire seulement s'ébranler ces porte. Je réfléchissais encore à cette figure de prêtre, physionomie douce, sympathique, malgré son habit, que j'avais souvent vu se diriger vers l'antre de mes convoitises. Cela devait être le curé de la paroisse! Si je me servais alors de la confession pour entrer en pourparlers. Je ne tirai nullement souci de créer une narration exemplaire, touchante surtout, de ma vie et de mes malheurs. Oui, ma soeur; mais ce pasteur, pour qui venait-il ? et quelles étaient les ihtimes allures de cette maison ? Ce prêtre sympathique y était-il reçu, désiré, ou toléré, simplement à cause de la grande dévotion de madame Ursule. Alors cela devenait pour moi, présentée par lui, un cas de rejet en plus. Que faire, grands Dieux! que résoudre? Je m'y perdais... Abandonner la partie, recommencer cette vie de hasards que nous menions jadis... Et Ruth, pauvre linotte ! Ma fille servirait-elle de jouet à quelque nature désoeuvrée ou à quelque avocat en partie fine... Devait-elle donc, comme sa mère et sa tante, connaître l'aba-.idon terrible, la misère honteuse qui nous ont tant de fois ulcéré le coeur... Non ! je réussirai à tout prix, dussé-je réduire leur maison en un brasier pour en retirer les maîtres l'un après l'autre, y risquer d'y périr, mais tout mériter d'eux par mon héroïsme.

ERUAL.

(A suivre.)

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Contenu textuel de l'image : Bravo ! Brava ! Bravi ! Ma chère, comme dit ton prince Barlotti. — Grande victoire sur toute la ligne... Enfoncés les retranchements, comme mon époux criait, en trépassant... car, sans être soldat, moi, j'ai tout pris à l'assaut. Je suis au coeur de la place et j'y commanderai bientôt, s'il plaît à Dieu ... peut être... A moi ! pour sûr... patience.
Contenu textuel de l'image : Tu dois trouver que mes lettres se suivent et ne se ressemblent pas. Mes jours non plus, très chère ! Or donc, si tes leçons sont données, mets toi sous clef pour deux heures et lis ce journal qui ne t'endormira pas, je te l'assure !
Contenu textuel de l'image : Il y a sur le quai où ma bonne étoile m'avait conduite en arrivant à Lyon, une habitation splendide, sur laquelle je jetais, de ma chétive fenêtre, bien des regards d'envie. Pourquoi? de prime abord, me suis-je intéressée à ce voisinage luxueux... Moi qui ai tant ressassé le luxe. Etait-ce à cause du confortable équipage emportant ou ramenant dans la cour une délicieuse baby presque,
Contenu textuel de l'image : chaperonnée par cette dame âgée que je prenais pour sa mère grand et qui, en réalité, n'est que sa grand'tante... ou quelquefois, par deux messieurs, le père et le fils, à mon avis. Cette fois, j'avais deviné. Ils ne se quittaient guère ; à pied, bras-dessus, brasdessous, et à cheval, côte à côte. Edifiants et valant la peine d être notés, car presque tous les pères que j'ai vus à nos pieds fuyaient la compagnie de leurs fils qui eux-mêmes, semblaient loin de rechercher celle de leurs auteurs.
Contenu textuel de l'image : J'avais donc souligné mes voisins, dans les rues, sur les quais et dernièrement au théâtre, assis dans la même loge, et cela huit jours avant le grrrand événement qui me permet de te glisser ce premier viatique de cinq cents francs pour tes étrennes, plus à ton goût probablement que celles que tu recevras de la mère Thérèse, laquelle au su de cette véridique histoire, va bénir la divine Providence qui, une fois de plus, aura bon dos. .
Contenu textuel de l'image : A bout de ressources, d'expédients, je dus fondre toute ma mince garde-robe pour me créer une toilette permettant de figurer pendant une soirée ou deux, car tu sais aussi bien que moi que les hommes sont juste comme les grenouilles et les pies : c'est le clinquant qui les attire.
Contenu textuel de l'image : Je n'avais obtenu qu'un fiasco complet, le monde auquel j'en voulais était grippé d'abord ; puis, en ce moment, les acteurs méritent des pommes cuites; donc, personne au théâtre valant une conquête... Je m'en revenais l'oreille plus que basse, toute prête à reprendre le chemin de Bordeaux. C'était un samedi, lorsqu'on passant devant la maison d'où adorablement assise je t écris
Contenu textuel de l'image : maintenant à loisir, j'aperçus deux personnes, lesquelles ne pouvant soupçonner l'attention fiévreuse que j'apportais à tout ce qui concernait mon voisinage, continuèrent leur aparté en dehors de la porte entr'ouverte, après toutefois s'être assurés que ta belle Judith n'était nullement de leur connaissance. Je ralentis involontairement le pas. Je vis un domestique en livrée, puis une femme enveloppée dans nne mante sombre. Pourquoi cela me parût-il suspect et pourquoi revins -je sur mes pas ! Mystère ! mystère ! comme à 1 fr. 25 la ligne sont régalés du même Mystère les valets et concierges, lecteurs du docte Ponson du Tenail... Eh bien! oui: Mystère! Aussi cherchai je à percer le mystère en me dissimulant dans une allée contigue qui aboutit dans la cour ; elle me ramenait juste sur les deux causeurs.
Contenu textuel de l'image : — Oui, disait le domestique, on cherche une gouvernante pour Mlle Anna et j'ai pensé, M'ame Tatu, que Mlle Louise ferait bien notre affaire, puisqu'elle ne veut plus rester chez ses décalés d'Autrichiens - Vous êtes ben bon, m'sieu Georges, mais comment la faire présenter. Des gens de ce calibre ne prennent pas les premiers venus et sans renseignements. — Sans doute, sans doute, affirma M'sieu Georges, mais je flaire qu'il y aurait quelque chose à tâter du côté de la vieille tante. Connaissez-vous, dans le fourbi qui vous loue des chaises, une dévote pauvre. — Ah ! Jésus, si j'en connais, et par douzaines  encore ! — Eh bien ! cherchez en donc une qui possède un peu de chic... Mais là, pas trop... Enfin, vous savez... Serinez lui sa leçon, en lui promettant, selon l'usage une récompense honnête, si elle réussit, et tout de même une si elle
Contenu textuel de l'image : ne réussit pas (pour clore son bec), donnez lui des arrhes sur le marché et lancez-la à la chasse de la vieille... Ça sera pas difficile, si on lui parle de la Vierge, du bon Dieu et des saints, à propos : quand je pense que cette ancienne m'a donné cinquante balles, un jour où voulant faire la noce, je laissai tout doucettement glisser de ma pochette un chapelet d'emprunt ! — Oh ! m'sieu Georges ! ils ont valu à ma Louisan un mantelet beau à faire prendre la jaunisse à la Claire Ghauffet, vous savez, la fille au coiffeur de la rue Mercière. — Pas possible ! exclama M'sieu Georges en riant..., pauvre fille ! Elle devait être chenue ! — Elle ressemblait à une bouteille d'huile et pas trop épurée encore, ricana la commère à la mante ; mais parlons de Louise, s'il vous plaît.
Contenu textuel de l'image : — Parlons-en toujours, mère Tatu... Et voilà ce que j'oubliais de vous octroyer pour nons aiderait réveillon, dit le galant Prontin, en remettant à son interlocutrice un ballot assez volumineux qui, au changement de propriétaire, laissa arriver à mon oreille exercée les sons bien connu; de bouteilles qui se choquent.
Contenu textuel de l'image : — Grand merci, cher monsieur Georges, pour la petiote et pour moi ! Comme ça, vous y iendrez ?...
Contenu textuel de l'image : — Pardi ! je me ferai un rhume pour  ne pas gober la messe avec la tante et les neveux qui, tous bien emballés aux oremus, me ficheront la paix, pour chez vous, où nous trinquerons à l'aise à la santé de Mlle Louisa et de la vôtre, ce qui n'empêchera pas de prendre nos mesures au doigt et à l'oeil.
Contenu textuel de l'image : Nina ! j'en avais assez entendu, pour le projet hardi qui venait de me surgir... Je me hâtai de disparaître; mais mon plan était
Contenu textuel de l'image : prêt, sans savoir encore à quel moment le mettre à exécution. Je rentrai dans ma triste chambre, j'y ranimai les débris de charbon;, car tu sais que, lorsque j'ai froid, je suis sans pensée. Bast! me dis je, confiante, en emplissant de nouveau mon poêle, faisons un feu de joie, car je puis peut-être dire, moi aussi : Eureka !
Contenu textuel de l'image : J'avais une position en vue, il ne me fallait qu'un peu d'adresse, et lorsque le but en vaut la peine, tu sais si Judith Samuel ou Mme Thérèse du Boys n'a jamais laissé échapper le profit.  Je ne sentis plus la faim, ni le sommeil; mon Bailly, ronflant comme un sonneur, semblait me dire : En avant. Je restai accoudée sur ma table, la tète dans mes deux mains qui me bouchaient les oreilles, afin qu'aucun des bruits du dehors, se faisant quand même des plus rares, ne vint me distraire. Mille pensées enfin tourbillonnaient autour de mon idée. — Mais laquelle ? demandes-tu. — Etre la gouvernante de cette riche et sage petite fille... cela tout uniment, mia cara... Ici, je te dépasse toujours. Hein?... — Et par quel moyen ? t'écries tu... Je l'ignorais, mais je ne doutais pas un seul instant de la réussite. Je sentis ma volonté : ce fluide de Samson, comme disait le dernier général, effrayé de ma ténacité.  J avais ici confiance en tout, sans m'arrèter à rien qu'à l'impossible. Un instant, il me vint à l'idée d'aller, moi aussi, conter mes dévotes misères à la Vénérable. Mais le père, le fils et les amis dont tous les gens opulents regorgent . Puis, cette enfant, paraissant si choyée, devait porter de même sa voix au chapitre ; et si elle, en dépit de tout le monde, ne me voulait pas. Pour mon caractère et ma sécurité, il me fallait entrer par des portes ouvertes à tous les battants.
Contenu textuel de l'image : Mais comment les faire seulement s'ébranler ces porte. Je réfléchissais encore à cette figure de prêtre, physionomie douce, sympathique, malgré son habit, que j'avais souvent vu se diriger vers l'antre de mes convoitises. Cela devait être le curé de la paroisse! Si je me servais alors de la confession pour entrer en pourparlers. Je ne tirai nullement souci de créer une narration exemplaire, touchante surtout, de ma vie et de mes malheurs. Oui, ma soeur; mais ce pasteur, pour qui venait-il ? et quelles étaient les ihtimes allures de cette maison ? Ce prêtre sympathique y était-il reçu, désiré, ou toléré, simplement à cause de la grande dévotion de madame Ursule. Alors cela devenait pour moi, présentée par lui, un cas de rejet en plus. Que faire, grands Dieux! que résoudre? Je m'y perdais... Abandonner la partie, recommencer cette vie de hasards que nous menions jadis... Et Ruth, pauvre linotte ! Ma fille servirait-elle de jouet à quelque nature désoeuvrée ou à quelque avocat en partie fine... Devait-elle donc, comme sa mère et sa tante, connaître l'aba-.idon terrible, la misère honteuse qui nous ont tant de fois ulcéré le coeur... Non ! je réussirai à tout prix, dussé-je réduire leur maison en un brasier pour en retirer les maîtres l'un après l'autre, y risquer d'y périr, mais tout mériter d'eux par mon héroïsme.
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