DÉFILÉ DE LA SEMAINE
J'ignore si M. Piétri a eu cette semaine le temps d'aller à St-Cloud travailler avec l'empereur , mais l'occupation n'a pas dû lui manquer, à lui et à ses agents, pour rechercher les auteurs de l'épouvantable massacre de Pantin , qui a été l'événement capital de ces jours derniers.
Il est de fait que l'émotion populaire se comprend en face de ce crime inouï qui a coûté la vie à six personnes , crime accompli en plein champ, à quelques pas d'une caserne et de maisons habitées, sans qu'on ait entendu ni cris , ni plaintes , ni le bruit de la lutte inévitable qui a dû s'engager
entre les meurtriers et au moins deux sinon trois des victimes.
Au moment où paraissent ces lignes, les auteurs de cette horrible boucherie sont connus et arrêtés , et pourtant ququelques centimètres de terre enlevée de plus, quelques pelletées jetées sur ce foulard aperçu par un paysan , et les six corps restaient là enterrés des semaines, des mois peut-être, et les assassins avaient le temps de fuir.
A quoi peut tenir souvent l'impunité ?
Maintenant la parole est aux abolisseurs de la peine de mort.
Et comme les plus tristes choses ont un côté pratique , celle-ci aura le privilège de faire travailler les marchands de vins de Pantin , — où l'on, ira visiter le théâtre du crime ; les journaux ont de la copie assurée pour quelque temps, les lecteurs une pâture, et les français ayant un nouvel aliment pour leur curiosité et leur imagination , s'inquiéteront moins si l'empereur a pris son thé le matin , reçu le général Fleury dans la journée , et fait sa petite promenade avec M. Rouher.