L'instruction à Lyon

On voit, d'après les travaux prépara- toires du Conseil départemental de l'instruction publique, que la question de l'instruction primaire à Lyon s'ache- mine vers une solution. Ce n'est pas nous qui nous en plaindrons, car nul n'a signalé avec plus d'énergie les fâ- cheuses conditions dans lesquelles se trouve notre enseignement primaire municipal et nous serons heureux si notre humble effort a pu contribuer à substituer à ce qui existe un régime basé sur la loi et sur la justice.

Il ne faut pas se dissimuler que la conjoncture est difficile. La discussion d'une pareille matière soulève les ques- lions les plus délicates et les plus irritantes qui se rapportent aux relations de la commune et de l'autorité préfec1 torale. De part et d'autre, une grande abnégation réunie à une grande sou- plesse, ne sera pas de trop pour con; duire à la sage appréciation de tous les éléments et a la transaction finale que nous souhaitons.

Qu'on en juge. Sous les régimes qui ont précédé le Conseil municipal actuel, la ville de Lyon n'entretenait pas, par elle-même, les écoles. Elle avait remis le soin d'instruire ses enfants aux ins. tituteurs congréganistes et à la grande société d'instruction primaire du Rhône, société libre et née de lïnitia- tive privée. Les subventions commui nales étaient à peu près divisées entre ces deux ordres d'enseignement qui se partageaient aussi d'une manière égale les sympathies de notre popula- tion. Un Comité de salut public s'in- talle à l'Hôtel-de-Ville à la suite de l'effondrement du 4 septembre, Un de de ses premiers actes est de proclamer solennellement un programme dont

on connaît l'idée maîtresse : « La mo- rale effective basée sur l'expérience progressive, et le Comité de salut pu- blic l'applique immédiatement ; en possédant la « morale » que l'on sait et « l'expérience » que l'on connaît, il ex- pulse les frères et retire toute subven- tion à la Société laïque d'instruction primaire qui élevait dix mille enfants avec une grande sagesse et un grand sentiment d'indépendance vis-à-vis du pouvoir impérial.

Le premier Conseil municipal élu en septembre 1870, s'est considéré pqmme l'héritier et l'exécuteur testais mentaire du Comité de salut public, sur ia question des écoles pommé sur le reste. Il a maintenu les décisions de ce Comité, c'est-à-dire l'éviction des

congréganistes et de la Société d instruction primaire, ei il a ouvert des écoles municipales à lui, sous les auspices du programme antireligieux dont nous avons parlé, renforcé de déclarations de même genre, se croyant sans doute le pouvoir de réorganiser l'instruction et de la diriger dans des voies nouvelles, ce qui n'appartient qu'à l'Etat.

Il est vrai qu'à ce moment nos conseillers municipaux faisaient de tout, même de l'artillerie, on peut donc leur passer cela. Mais si les canons ne servent à rien, les lois servent à quelque chose.

Nous n'insisterons pas, au point de vue de la loi, sur le caractère anti- religieux qui a présidé à la réorganisa- tion des écoles municipales, car nous ne voulons pas de grimaces et d'hypo- crisie et nous savons que, de ce coté, il est facile de tout mettre en ordre apparent.

Le véritable fait qui entache l'ins- titution des écoles municipales , c'est que les instituteurs en fonctions avant le 4 septembre n'ont jamais été légalement révoqués. Nous avons dit que le Conseil municipal s'était, sans souci de sa dignité, borné à viser et à exécuter les actes d'un comité révolu- tionnaire et il n'a iamais, songé à s'entendie avec l'autorité préfectorale pour régulariser cette situaLion. Les seuls instituteurs reconnus par la loi devraient donc être ceux que le 4 septem- ' bre a chassés. C'est étrange, mais c'est ainsi.

La conséquence en est crue la ques- tion revient tout entière à l'examen du préfet du Rhône. Dans le sens rigide de ia loi, elle est laissée à sa décision.

On peut entrevoir maintenant tontes les difficultés du rôle que la loi et surtout les circonstances laissent à l'administration.

Nous disons, les circonstances, car s'il ne s'agissait que de rendre régulière une situation qui ne l'est pas, rien ne serait plus aisé. Le préfet inviterait le Conseil municipal à présenter des instituteurs, et laïques ou non, le préfet ne pourrait hésiter un seul instant à les nommer, puisque c'est l'esprit de la loi ! de 1850 (M. de Falloux la proclamé bien haut), et de la loi même de 1854 qui est venu compléter l'omnipotence des préfets, que le voeu de la commune doit toujours être accueilli.

Mais quel que soit l'esprit de la loi, il n'est pas douteux qu'en fait, le préfet n'ait le. droit de nommer les instituteurs, même contre la présentation et le voeu des communes, et si on veut raisonner à l' extrême en ce qui concerne notre situation lyonnaise, il est évident que le préfet pourrait rétablir les choses dans l'état où elles se trouvaient avant le 4 septembre.

Hâtons-nous d'ajouter qu'il est encore plus évident qu'une administration sage et libérale ne saurait un seul instant s'arrêter à ce parti, et nous croyons queM. le préfet du Rhône en est personnellement fort éloigné; mais il possède un pouvoir qui lui permet dérégler la vraie question dans cette question : la question d'équité.

L'administration préfectorale est appelée à être arbitre sur un sujet où la lettre de la loi vient au secours de l'équité. Elle peut contraindre nos conseillers municipaux, à être justes.

Sur ce terrain, en ne se servant de la loi que dans la mesure, exacte qu'il faut pour réparer l'injustice, nous répondons que l'on est inexpugnable.

L'esprit de despotisme et dintolérance a présidé à la naissance des écoles municipales. La liberté de conscience et légalité devant la loi y sont compromises et elles y seraient atteintes encore plus gravement si des temps troublés sur venaient.

Ces écoles se sont ouvertes avec une déclaration solennelle d'anti-religion. Nous avons déjà dit que nous n'attachions pas une grande valeur légale à ce fait, mais nous lui trouvons une importance immense au point de vue de la liberté de conscience. Ce fameux programme n'est point laïque mais antireligieux. Il n'est pas laïque, car il resterait neutre ; il ne laisse pas la reli- gion en dehors de l'école, il la combat dans l'école. A cela on nous répond que ce programme est à l'état platonique et n'est pas mis en pratique. Oui, dans la plupart des cas, mais on ne saurait nier que le Conseil municipal ne le tienne pour sa règle, qu'il a choisi et a dû choisir des maîtres capables d'en faire passer dans la pratique ce que la surveillance dos inspecteurs de Funîversité peut décemment tolérer.

Parlons sans équivoques. Quelque grande ou quelque faible que soit la part de ce programme qui subsiste dans leur enseignement, il n'en est pas moins hors de doute que les écoles municipales sont ternies en suspicion légitime par tous ceux qui n'admettent pas les dogmes nouveaux de la morale indépendante,

Par la force des choses les plus respectables, malgré la gratuité et les distributions d'habits, la majeure partie de la population lyonnaise est donc0cartéeTdes écoles publiques, aux frais desquelles nous contribuons tous.

La démonstration matérielle de ce que nous avançons est bien facile, à l'aide du travail de statistique qu'un groupe d'honorables citoyens a mis dernièrement soas les yeux du pubb'c. La population de nos écoles, qui paraît s'être largement diminuée à travers tous nos bouleversements, ne s'élève plus qu'à dix-neuf mille enfants à peine. Cinq mille seulement appartiennent aux écoles municipales — nouveau modèle, trois mille à d'anciens établissements de la Société d'instruction pri- maire subventionnés par la ville, et enlin treize mille enfants peuplent les écoles congréganistes ou laïques qui vivent des ressources que leur constitue l'initiative privée et charitable. Et le budget de l'instruction primaire est portj à 830,000 francs! C'est-à-dire qu'il paraît qu'on le dote on raison inverse, du nombre de ceux qui doivent en profiter.

Nous nous demandions tout à l'heure : est-ce respecter la liberté de conscience

qu'écarter des écoles, par des'déclarations retentissantes, l'élément religieux de la population, et faire (nous l'avons

déjà-dit) une concurrence déloyale aux gens que l'on évince, avec leur propre argent ?

Nous nous dirons maintenant : Est-ce la pratique de l'égalité devant la loi ? Que signifie donc l'impôt ? Que serait-ce que l'impôt, comment serait-il justifiable, s'il ne nous était rétrocédé en services rendus par l'Etat, le département ou la commune ?

Il y a là une question dangereuse, au moins au point de vue de la morale, qu'il ne faut pas soulever. Que dirait-on si des citoyens lyonnais entraient, dans la voie de la résistance légale et refusaient de payer les centimes communaux destinés à l'instruction primaire, tant que le conseil municipal s'obstinerait à confisquer au profit de son enseignement les deniers dont il ne doit être que l'équitable et loyal répartiteur?

Et puis, dans une grande ville comme Lyon, il est désirable que l'enseignement soit diversifié, il est bon qu'il existe une concurrence qui, dans cette matière, s'appelle l'émulation. Au point de vue de nos anciennes sociétés anseignantes, il y a une sorte de répara- tion à accomplir. Le contrat qui les liait avec la ville était tellement ancien qu'il se confondait avec leur droit même à l'existence. Il était puéril, coupable même, de jeter bas de belles oeuvres locales, telles que la société d'instruction primaire, pour s'essayer à organiser d'un seul coup un système nouveau. Le Conseil municipal, moins que tout autre, ne devrait pas oublier les conseils de sagesse un peu niaise qu'une romance jadis en vogue donnait aux petits dénicheurs d'oiseaux :

Ne pouvant rien créer Il ne faut rien détruire.

Concluons. Il nous semble qu'une transaction honorable pour tout: le monde est indiquée par la force des choses.

L'administration préfectorale, au libéralisme sincère de laquelle nous croyons, entend sans aucun doute respecter la liberté communale et ne pas se servir des pouvoirs extraordinaires que lui confère la loi de 1854.

Le Conseil municipal de son côté doit comprendre que ces pouvoirs existent et qu'il ne faut pas provoquer à leur emploi en prolongeant une situation contraire à l'équité. Il est en dehors de la loi, il faut qu'il rentre dans la loi, nonseulement dans le sens administratif du mot, mais dans son sens profond de respect de la liberté de conscience et de l'égalité dans la distribution de l'impôt.

La transaction, le Journal de Lyon l'a indiquée depuis longtemps et a diverses reprises : c'est une subvention àdonner aux corporations et sociétés enseignantes, basée sur le nombre d'enfants qui fréquentent leurs écoles et qui représenterait de la sorte une répartition proportionnelle des centimes communaux* destinés à l'instruction primaire,

Eu proposant cette solution, nous nous sommes toujours souvenu que nous n'appartenions pas aux partis violents, de droite ou de gauche. Nous ne nous faisons les avocats d'aucune religion particulière, pas plus que d'une classe. Nous défendons le principe libéral dans sa plus haute acception. Et si nous nous permettons d'engager vivement notre Conseil municipal de l'accepter, c'est que nous ne sommes pas plus de ses admirateurs que du nombre de ceux qui veulent provoquer sa chute. C'est un pouvoir légitime, qui représente la majorité de nos concitoyens et au renversement duquel il serai à la fois injuste et impolitique de travailler. Nous ne l'aimons pas, mais nous le respecterons et, le ferons respecter, s'il veut lui-même respecter la loi et les droits les plus sacrés de l'individu.

Contenu textuel de l'image : L'instruction à Lyon
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Contenu textuel de l'image : On voit, d'après les travaux  prépara- toires du Conseil départemental de l'instruction publique, que la  question de l'instruction primaire à Lyon s'ache-  mine vers une solution. Ce n'est  pas nous qui nous en plaindrons, car  nul n'a  signalé avec plus d'énergie les  fâ- cheuses conditions dans lesquelles se  trouve notre enseignement primaire  municipal et nous serons heureux si notre humble effort a pu contribuer  à substituer à ce qui existe un régime  basé sur la loi et sur la justice.
Contenu textuel de l'image : Il ne faut pas se dissimuler que la  conjoncture est difficile. La discussion  d'une pareille matière soulève les ques-  lions les plus délicates et les plus irritantes qui se rapportent aux relations  de la commune et de l'autorité préfec1 torale. De part et d'autre, une grande  abnégation réunie à une grande sou-   plesse, ne sera pas de trop pour con; duire à la sage appréciation de tous les    éléments et a la transaction finale que   nous souhaitons.
Contenu textuel de l'image : Qu'on en juge. Sous les régimes qui ont précédé le Conseil municipal actuel, la ville de Lyon n'entretenait pas, par   elle-même, les écoles. Elle avait remis   le soin d'instruire ses enfants aux ins. tituteurs congréganistes et à la grande  société d'instruction primaire du  Rhône, société libre et née de lïnitia- tive privée. Les subventions commui nales étaient à peu près divisées entre  ces deux ordres d'enseignement qui se partageaient aussi d'une manière  égale les sympathies de notre popula-   tion. Un Comité de salut public s'in-   talle à l'Hôtel-de-Ville à la suite de   l'effondrement du 4 septembre, Un de   de ses premiers actes est de proclamer  solennellement un programme dont
Contenu textuel de l'image : on connaît l'idée maîtresse : « La mo-   rale effective basée sur l'expérience  progressive, et le Comité de salut pu-  blic l'applique immédiatement ;  en possédant la « morale » que l'on sait et  « l'expérience » que l'on connaît, il ex-   pulse les frères et retire toute subven-   tion à la Société laïque d'instruction  primaire qui élevait dix mille enfants   avec une grande sagesse et un grand   sentiment d'indépendance vis-à-vis du pouvoir impérial.
Contenu textuel de l'image :  Le premier Conseil municipal élu  en septembre 1870, s'est considéré pqmme l'héritier et l'exécuteur testais mentaire du Comité de salut public,  sur ia question des écoles pommé sur  le reste. Il a maintenu les décisions de ce Comité, c'est-à-dire l'éviction des
Contenu textuel de l'image : congréganistes et de la Société d instruction primaire, ei il a ouvert des écoles municipales à lui, sous les auspices du programme antireligieux dont nous avons parlé, renforcé de déclarations de même genre, se croyant sans doute le pouvoir de réorganiser l'instruction et de la diriger  dans des  voies nouvelles, ce qui n'appartient qu'à l'Etat.
Contenu textuel de l'image : Il est vrai qu'à ce moment nos conseillers municipaux faisaient de tout, même  de l'artillerie, on peut donc leur passer  cela. Mais si les canons ne servent à  rien, les lois servent à quelque chose.
Contenu textuel de l'image : Nous n'insisterons pas, au point de vue de la loi, sur le caractère anti-  religieux qui a présidé à la réorganisa-  tion des écoles municipales, car nous  ne voulons pas de grimaces et d'hypo-  crisie et nous savons que, de ce coté, il est facile de tout mettre en ordre  apparent.
Contenu textuel de l'image : Le véritable fait qui entache l'ins-  titution des écoles municipales  , c'est que les instituteurs en fonctions avant le 4 septembre n'ont jamais été  légalement révoqués. Nous avons dit  que le Conseil municipal s'était, sans  souci de sa dignité, borné à viser et à  exécuter les actes d'un comité révolu-  tionnaire et il n'a iamais, songé à s'entendie avec l'autorité préfectorale pour  régulariser cette situaLion. Les  seuls instituteurs reconnus par la loi devraient donc être ceux que le 4 septem- ' bre a chassés. C'est étrange, mais c'est ainsi.
Contenu textuel de l'image : La conséquence en est crue la ques- tion revient tout entière à l'examen du préfet du Rhône. Dans le sens rigide de ia loi, elle est laissée à sa décision.
Contenu textuel de l'image : On peut entrevoir maintenant tontes les difficultés du rôle que la loi et surtout les circonstances laissent à l'administration.
Contenu textuel de l'image : Nous disons, les circonstances, car s'il ne s'agissait que de rendre régulière une situation qui ne l'est pas, rien ne serait plus aisé. Le préfet inviterait le Conseil municipal à présenter des instituteurs, et laïques ou non, le préfet ne pourrait hésiter un seul instant à les nommer, puisque c'est l'esprit de la loi ! de 1850 (M. de Falloux la proclamé bien haut), et de la loi même de 1854 qui est venu compléter l'omnipotence des préfets, que le voeu de la commune doit toujours être accueilli.
Contenu textuel de l'image : Mais quel que soit l'esprit de la loi, il n'est pas douteux qu'en fait, le préfet n'ait le. droit de nommer les instituteurs, même contre la présentation et le voeu des communes, et si on veut raisonner à l' extrême en ce qui concerne notre situation lyonnaise, il est évident que le préfet pourrait rétablir les choses dans l'état où elles se trouvaient avant le 4 septembre.
Contenu textuel de l'image : Hâtons-nous d'ajouter qu'il est encore plus évident qu'une administration sage et libérale ne saurait un seul instant s'arrêter à ce parti, et nous croyons queM. le préfet du Rhône en est personnellement fort éloigné; mais il possède un pouvoir qui lui permet dérégler la vraie  question dans cette question : la question d'équité.
Contenu textuel de l'image : L'administration préfectorale est appelée à être arbitre sur un sujet où la lettre de la loi vient au secours de l'équité. Elle peut contraindre nos conseillers municipaux, à être justes.
Contenu textuel de l'image : Sur ce terrain, en ne se servant de la loi que dans la mesure, exacte qu'il faut pour réparer l'injustice, nous répondons que l'on est inexpugnable.
Contenu textuel de l'image : L'esprit de despotisme et dintolérance a présidé à la naissance des écoles municipales. La liberté de conscience et légalité devant la loi y sont compromises et elles y seraient atteintes encore plus gravement si des temps troublés sur venaient.
Contenu textuel de l'image : Ces écoles se sont ouvertes avec une déclaration solennelle d'anti-religion. Nous avons déjà dit que nous n'attachions pas une grande valeur légale à ce fait, mais nous lui trouvons une importance immense au point de vue de la liberté de conscience. Ce fameux programme n'est point laïque mais antireligieux. Il n'est pas laïque, car il resterait neutre ; il ne laisse pas la reli-  gion en dehors de l'école, il la combat dans l'école. A cela on nous répond que ce programme est à l'état platonique et n'est pas mis en pratique. Oui, dans la plupart des cas, mais on ne saurait nier que le Conseil municipal ne le tienne pour sa règle, qu'il a choisi et a dû choisir des maîtres capables d'en faire passer dans la pratique ce que la surveillance dos inspecteurs de Funîversité peut décemment tolérer.
Contenu textuel de l'image : Parlons sans équivoques. Quelque grande ou quelque faible que soit la part de ce programme qui subsiste dans leur enseignement, il n'en est pas moins hors de doute que les écoles municipales sont ternies en suspicion légitime par tous ceux qui n'admettent pas les dogmes nouveaux de la morale indépendante,
Contenu textuel de l'image : Par la force des choses les plus respectables, malgré la gratuité et les distributions d'habits, la majeure partie de la population lyonnaise  est donc0cartéeTdes écoles publiques, aux frais desquelles nous contribuons tous.
Contenu textuel de l'image : La démonstration matérielle de ce que nous avançons est bien facile, à l'aide du travail de statistique qu'un groupe d'honorables citoyens a mis dernièrement soas les yeux du pubb'c. La population de nos écoles, qui paraît s'être largement diminuée à travers tous nos bouleversements, ne s'élève plus qu'à dix-neuf mille enfants à peine. Cinq mille seulement appartiennent aux écoles municipales — nouveau modèle, trois mille à d'anciens établissements de la Société d'instruction pri- maire subventionnés par la ville, et enlin treize mille enfants peuplent les écoles congréganistes ou laïques qui vivent des ressources que leur constitue l'initiative privée et charitable. Et le budget de l'instruction primaire est portj à 830,000 francs! C'est-à-dire qu'il paraît qu'on le dote on raison inverse, du nombre de ceux qui doivent en profiter.
Contenu textuel de l'image : Nous nous demandions tout à l'heure : est-ce respecter la liberté de conscience
Contenu textuel de l'image : qu'écarter des écoles, par des'déclarations retentissantes, l'élément religieux de la population, et faire (nous l'avons
Contenu textuel de l'image : déjà-dit) une concurrence déloyale aux gens que l'on évince, avec leur propre argent ?
Contenu textuel de l'image : Nous nous dirons maintenant : Est-ce la pratique de l'égalité devant la loi ? Que signifie donc l'impôt ? Que serait-ce que l'impôt, comment serait-il justifiable, s'il ne nous était rétrocédé en services rendus par l'Etat, le département ou la commune ?
Contenu textuel de l'image : Il y a là une question dangereuse, au moins au point de vue de la morale, qu'il ne faut pas soulever. Que dirait-on si des citoyens lyonnais entraient, dans la voie de la résistance légale et refusaient de payer les centimes communaux destinés à l'instruction primaire, tant que le conseil municipal s'obstinerait à confisquer au profit de son enseignement les deniers dont il ne doit être que l'équitable et loyal répartiteur?
Contenu textuel de l'image : Et puis, dans une grande ville comme Lyon, il est désirable que l'enseignement soit diversifié, il est bon qu'il existe une concurrence qui, dans cette matière, s'appelle l'émulation. Au point de vue de nos anciennes sociétés anseignantes, il y a une sorte de répara-  tion à accomplir. Le contrat qui les liait avec la ville était tellement ancien qu'il se confondait avec leur droit même à l'existence. Il était puéril, coupable même, de jeter bas de belles oeuvres locales, telles que la société d'instruction primaire, pour s'essayer à organiser d'un seul coup un système nouveau. Le Conseil municipal, moins que tout autre, ne devrait pas oublier les conseils de sagesse un peu niaise qu'une romance jadis en vogue donnait aux petits dénicheurs d'oiseaux :
Contenu textuel de l'image : Ne pouvant rien créer Il ne faut rien détruire.
Contenu textuel de l'image : Concluons. Il nous semble qu'une transaction honorable pour tout: le monde est indiquée par la force des choses.
Contenu textuel de l'image : L'administration préfectorale, au libéralisme sincère de laquelle nous croyons, entend sans aucun doute respecter la liberté communale et ne pas se servir des pouvoirs extraordinaires que lui confère la loi de 1854.
Contenu textuel de l'image : Le Conseil municipal de son côté doit comprendre que ces pouvoirs existent et qu'il ne faut pas provoquer à leur emploi en prolongeant une situation contraire à l'équité. Il est en dehors de la loi, il faut qu'il rentre dans la loi, nonseulement dans le sens administratif du mot, mais dans son sens profond de respect de la liberté de conscience et de l'égalité dans la distribution de l'impôt.
Contenu textuel de l'image : La transaction, le Journal de Lyon l'a indiquée depuis longtemps et a diverses reprises : c'est une subvention àdonner aux corporations et sociétés enseignantes, basée sur le nombre d'enfants qui fréquentent leurs écoles et qui représenterait de la sorte une répartition proportionnelle des centimes communaux* destinés à l'instruction primaire,
Contenu textuel de l'image : Eu proposant cette solution, nous nous sommes toujours souvenu que nous n'appartenions pas aux partis violents, de droite ou de gauche. Nous ne nous faisons les avocats d'aucune religion particulière, pas plus que d'une classe. Nous défendons le principe libéral dans sa plus haute acception. Et si nous nous permettons d'engager vivement notre Conseil municipal de l'accepter, c'est que nous ne sommes pas plus de ses admirateurs que du nombre de ceux qui veulent provoquer sa chute. C'est un pouvoir légitime, qui représente la majorité de nos concitoyens et au renversement duquel il serai à la fois injuste et impolitique de travailler. Nous ne l'aimons pas, mais nous le respecterons et, le ferons respecter, s'il veut lui-même respecter la loi et les droits les plus sacrés de l'individu.
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