NOTRE 'BIENVENUE
Lyon-Exposition, en se présentant à ses lecteurs, devait d'abord faire ses souhaits de bienvenue, en expliquant comment et pourquoi il réclame sa place au soleil parmi ses nombreux confrères de Lyon.
Je vois déjà des sceptiques sourire, et je les vois murmurer tout bas : « C'est le printemps, les feuilles poussent. »
Oui, nous poussons, mais nous avons la prétention de vivre un peu plus longtemps que les roses, auxquelles nous ne nous comparons pas.
Mais cela ne nous empêche pas d'exquisser notre programme.
Lyon-Exposition, par son titre, indique suffisamment le rôle qu'il s'est tracé.
Il veut devenir l'organe des exposants, plus encore que celui de l'Exposition ellemême.
Il veut prendre la défense des intérêts vitaux de notre cité et les soutenir dans cette grande manifestation, qui fera époque dans l'histoire de notre ville.
En effet, il ne faut pas se le dissimuler,
les Expositions, en province, ont un.intérêt primordial que l'on ne saurait contester.
Notre dernière Exposition date de 1872, et pour montrer tous les bienfaits que l'on peut attendre d'une oeuvre de ce genre — toute imparfaite qu'elle soit — il nous suffira de rappeler que la période de 1872 à 1876 fut, pour Lyon, une des plus prospères.
D'où provenait cette recrudescence dans les affaires en général ?
De l'Exposition, c'est incontestable.
C'est pourquoi nous devons accepter sans réticence notre Exposition, et lui accorder toutes nos sympathies.
Je sais bien que, dans certains milieux, on a boudé, mais la boude ne durera pas, et, au contraire, nous devons faire généreusement abandon de certaines questions de personnalités, pour ne voir que l'intérêt de notre ville et de ses habitants.
Ceci dit, nous serons bien mieux à l'aise pour critiquer en toute indépendance les points faibles de notre Exposition.
C'est ce que nous ferions sans défaillir, et cela dans l'intérêt même de l'entreprise.
Maintenant que nous avons montré ce que devait être — à vol d'oiseau — notre journal, nous allons donner un aperçu des questions que nous aurons à traiter.
Notre sous-titre indique, lui aussi, quelles cordes nous désirons embrasser.
L'industrie, la belle industrie lyonnaise aura sa grande place parmi nous; c'est ainsi que nous comblerons une. lacune existant dans notre presse locale, où l'on s'occupe beaucoup trop de questions superficielles et sans intérêts bien définis.
La politique tient une trop large surface pour permettre à nos confrères de s'étendre sur d'autres questions.
Et pourtant, quelle belle perspective, et quels attraits pour celui qui arrivera à mettre à la portée de tous les superbes applications de notre industrie moderne.
Lyon-Exposition y parviendra-t-il ?
Il l'espère.
En effet, il s'est assuré la collaboration d'hommes compétents, d'ingénieurs distingués, qui traiteront chacun à leur tour des questions techniques mises à la portée de tous nos lecteurs.
Lyon-Exposition sortira du cadre trop aride et trop exclusif des revues industrielles ou scientifiques, bonnes tout au plus à intéresser les initiés.
Lyon-Exposition généralisera et démocratisera — pardon de ce nom nouveau qui caractérise bien notre pensée — les sciences, les beaux-arts, la littérature même.
Car nous nous proposons aussi de nous consacrer aux « muses », et aussi de papillonner à travers le « bleu » des arts, et même de frôler de près les froufrous de gaze du feu de la rampe.
Et, à côté de tout ce labyrinthe éthéré, nous prendrons pied dans le terre-à-terre de l'existence, et recherchant toujours l'amélioration de nos vieux procédés routiniers et l'embellissement de notre belle ville, sans, pour cela, en augmenter les charges déjà trop lourdes.
C'est ainsi que nous ouvrirons toutes grandes nos colonnes à tous les projets nouveaux concernant notre ville : nous nous intéresserons particulièrement aux grands travaux lyonnais, nous les proposerons même, en n'ayant dans cela qu'un but,
qu'un idéal : la grandeur et la prospérité de la ville de Lyon.
Ainsi, notre programme est vaste; il s'étend sur toutes les branches de la vie; notre tâche sera rude, mais qu'importe nos peines, pourvu que nous puissions arriver au but à atteindre.
Pour cela, nous comptons un peu sur le zèle de nos collaborateurs et beaucoup sur l'esprit de nos lecteurs.
LA DIRECTION.