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    Les étrennes de Monsieur, Madame et Bébé !

    Ha ! les rêves des quelques jours qui précèdent les Etrennes Ceux de Monsieur furent plutôt des cauchemars, car s'il pensait aux surprises charmantes que sa femme lui réservait, il réfléchissait à l'arrivée des tapeurs, connus et inconnus, qui ne manquent jamais de frapper à son gousset au moment du Jour de l'An.

    Mais il rêvait parfois au plaisir qu'il aurait de donner largement aux siens et cela le calmait. Il voyait Bébé, plein de joie, au milieu de ses jouets , il contemplait Madame, rayonnante de beauté dans le bonheur des désirs satisfaits et il se voyait répandant la joie et l'allégresse autour de lui. Madame aussi songeait, mais tout était bleu et or dans son rêve ! Imaginez une joyeuse troupe d'Amours, aux formes idéales, dansant dans l'arc-en-ciel d'un vitrail multicolore et venant apporter à la belle endormie toutes les choses désirées : soyeuses et bruissantes étoffes, dentelles vaporeuses, bijoux scintillants, fleurs odorantes. Point invraisemblable ce rutilant tableau, car les rêves, on le sait, ne sont toujours que les reflets de la réalité.

    Et c'est ainsi que ce coffret à bijoux, en argent massif et ciselé, d'où tombent en cascades ces colliers de perles fines, ces solitaires, ces pierres précieuses finement serties, ces diadèmes gracieux et légers, ces parures qui feraient si bien dans l'ondulement de ses beaux cheveux, toutes ces bagues et ces marquises éblouissantes dont elle voudrait se charger les mains : c'est la mode ; toutes ces séduisantes richesses elle les a vues chezWEGELIN, le joaillier réputé de la rue de la République, 58. Et ses yeux ont désigné les objets de son choix à Monsieur, qui l'accompagnait lors de la visite qu'ils firent au célèbre joaillier. La surprise de la coquette ne sera que feinte lorsqu'il lui apportera les écrins désirés.

    Cette nuageuse ombrelle Pompadour servant de parachute au petit lutin qui la tient dans sa petite main, cette mule Louis XV si minuscule, ces mignonnes chaussures de luxe aux formes élégantes et aux tons délicats: elle a vu cela dans une des expositions du 8 décembre dernier. Mais, attendez donc ? C'est cela même ! elle se souvient avoir remarqué ces nouveaux cuirs colorés rose, bleu, vert, lilas, dans les vitrines de la Cordonnerie duHigh-Life, AU PHENIX, 48, rue de la République.

    La chaussure, pour une moderne telle que Madame, est un des points capitaux de la toilette et c'est pourquoi elle a choisi le Phénix, dont le chic des chaussures à talons Louis XV est connu de toutes les élégantes de Lyon. Les gants aussi sont l'objet de toute son attention et la fabrique qui a sa préférence est celle d’OSCAR SIRAND, trop connue pour que nous en fassions l'éloge. A propos des étrennes, cette maison, dont le magasin de vente est à Lyon, rue Président- Carnot, n° 7, a organisé une exposition de boîtes à gants pour cadeaux et le petit Amour qui vient hanter son rêve s'amuse avec l'une d'elles.

    Mais quel est ce parfum qui la grise doucement et où dominent les voluptueuses senteurs de l'Iris? Quel est ce nuage de poudre de riz qui l'enveloppe en caressant la peau de son visage? Elle a bien vite reconnu les parfums hygiéniques du XÈROL préparés sous la direction de M. A. Perroud, pharmacien de première classe. Le Xérol n'est-ce point son parfum favori, où l'hygiène est jointe à l'agrément, et comme elle comprend le bonheur du petit Amour qui reçoit en plein visage la pulvérisation de ce Xèrol exquis !

    Les narines rosées de la charmante dormeuse se dilatent sous ces suaves arômes et ses lèvres de corail se sont entr'ouvertes pour montrer deux rangées de superbes quenottes. Que veut-elle croquer? Ne l'avez-vous point deviné à l'apparition de ce blond et dodu petit Amour qui porte une corne d'abondance de la Chocolaterie Cie D'ORIENT, rue Gentil, n" 5, d'où s'échappent des bonbons délicieux fabriqués par cette maison.

    Croyez bien que dans ces visions adorables où se prélasse son sommeil, l'utile apparaît souvent à Madame, et c'est ainsi qu'elle voit voltiger au-devant d'elle un de ces joufflus petits personnages portant sur sa tète ces toutes mignonnes machines à coudre « SINGER » quelle a vu fonctionner à l'exposition de la rue de l'Hôtel-de-Ville, 58 ; c'est un cadeau qu'elle attend, car elle a manifesté le désir à Monsieur d'avoir une de ces merveilleuses « Singer » qui lui permettra d'exécuter des travaux de broderies artistiques du meilleur goût : Utile dulci.

    Et l'agréable pour elle c'est de sourire à celui qui porte aussi sur sa tète, ni plus ni moins une locomotive ! — un de ces jouets scientifiques instructifs et amusants, dont la maisonBOULADE frères, les opticiens de la place des Jacobins, ont un assortiment des plus complets — cela sera pour Bébé; c'est de sourire encore à cet autre Amour qui a enfourché une minuscule bicyclette de la maison CHR1STY,MEDECET et Cie, car ce coquet vélo sera pour son enfant chéri, qui attend avec impatience Noël et son cortège de présents. Soyez persuadés que Bébé va être content !

    Ah ! ces rêves du mois qui précède les étrennes !

    Eh bien ! Monsieur en fit des réalités, aidé des amis de Madame et de ceux de Bébé. Et Monsieur, Madame et Bébé furent également satisfaits. Pour en donner une idée à nos lecteurs, nous avons fait photographier le hall de l'hôtel de notre rêveuse, et voici une des scènes vécues de ce remue-ménage.

    Et cela durera pendant toute la Semaine des Etrennes; pendant plusieurs heures de chacune de ces journées mémorables l'escalier sera encombré par tout un monde d'employés déchargeant des colis et montant des objets envoyés par les maisons dont elle rêvait recevoir les produits.

    Ne nous arrêtons pas à l'effarement des domestiques ; notons, pour renseigner nos lecteurs, les maisons où l'on a acheté les étrennes de Monsieur, Madame et Bébé : Devant la porte stationne la file ininterrompue des voitures de livraison, et, parmi elles, une de celles des GRANDS MAGASINS UNIVERSELSdu Cours de la Liberté, établissement qui est un véritable monument par ses dimensions, et une des curiosités de la ville par le pittoresque de ses comptoirs. La voiture regorge de jouets; elle est pleine des étrennes dont le choix est immense dans ces magasins véritablement universels, où l'on trouve de tout.

    Deux employés sont occupés à transporter une agréable commode Louis XV, une potiche originale qui seront bien accueillies de Madame, ainsi qu'un magnifique polichinelle dont Bébé ne se lassera pas de tirer la ficelle.

    Parmi les véhicules qui envahissent la porte cochère, en voici un dont la forme est tout à fait gracieuse et aussi distinguée que la jolie sportswomen qui la conduit — une amie de Madame, sans doute, — avec une facilité extraordinaire. C'est une légère automobile dont le modèle se trouve chez CHRISTY MEDECETet Cie, au manège desquels Madame va prendre ses leçons de bicyclette, 1, place de l’Helvétie, et dont le magasin de vente se trouve, 3, cours Morand.

    C'est avec d'infinies précautions que les porteurs de la maison CH. MORETTON et Cie, les facteurs de pianos de la place des Jacobins, rendez-vous des virtuoses de Lyon, transportent ce magnifique instrument de style Louis XVI, et combien en admirant le placage de ce meuble et les fines peintures qui l'ornent, nous comprenons les soins dont il est entouré. Et plus encore saisirions-nous son incomparable valeur si, tout à l'heure, nous pouvions voir Madame, extasiée, en tirer des sons d'une étendue, d'une netteté et d'une puissance exceptionnelles.

    C'est avec le plus grand respect aussi que ces deux tapissiers de la maison HENRI BONJOUR, à l'enseigne Au Colosse de Rhodes, cours de la Liberté, 42, 44, soulèvent un riche secrétaire de style Louis XVI ; on admirant les délicates sculptures qui le décorent, nous comprenons bien que cette maison, où pourtant on trouve un choix considérable d'ameublements de tous styles, se soit fait une spécialité de l'ébénisterie opulente et sérieuse, et que ses artistiques et fouillées sculptures soient admirées des vrais amateurs.

    Et comme tous les rêves se réalisent enfin, voici toute la farandole des employés : hommes en livrées, grooms et demoiselles de magasin apportant des articles des maisons déjà nommées :

    Voici la machine « Singer » , cette fée pour es travaux féminins, et des cartons et de colis du Phénix, de la C" d'Orient, du Xèrol, des maisons Boulade frères et Oscar Sirand, et les imperceptibles paquets, qui contiennent des fortunes, du joaillier R. Wegelin. Voilà encore des envois de la maison du PETIT BEAUCAIRE, 57, rue de l’Hôtel-de- Ville (Soieries, Tissus, Ameublement, Lainages, lapis); de la maison SIMONCREMIEUX(Vêtements sur Mesures) dont les agrandissements rue de la République, à côté de la Salle des Dépêches du Progrès, s'annoncent superbes; de la maison ROYER-BULLIOD, rue de la République, dont les porcelaines d'art et les cristaux sont si renommés; De la Chapellerie du Progrès, 75, rue de la République (près du Casino), divers cartons contenant des gibus et chapeaux de luxe, dont les formes gracieuses sont dans les traditions de cette maison unique en son genre ; de la maison Ch. Molin, marchand grainier, place Bellecour, 8, dont les dernières nouveautés à sensation sont les Palmiers naturels séchés et rendus inaltérables, les fleurs artificielles reproduites avec les éléments naturels et qui permettent d'avoir toujours dans les appartements une vision de printemps sans fin. L'un des personnages de notre dessin porte une des corbeilles artistiques garnie de ces bouquets, qui donnent l'illusion complète de la nature.

    N'oublions pas de signaler aussi la CORDONNERIE GÉNÉRALE, place de la République, 57, et 4, rue Paul-Chenavard, qui possède un choix de chaussures pour hommes, femmes et enfants, des plus élégantes et des plus confortables. Et le remue-ménage de la maison fut tel que Monsieur, Madame et Bébé ne purent prendre leur repas dans la salle à manger, tant elle était encombrée d'objets divers.

    On chercha un restaurant dont la cuisine et le service ne laissât rien à désirer, et c'est par de nombreuses fêtes gastronomiques au CAFÉ RICHE, rue Président- Carnot et rue de la République, justement choisi, que se terminait chaque jour la réception des Etrennes de Monsieur, Madame et Bébé !

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