A propos de la découverte

DE L'ALCOOL

Le docteur Osius racontait il y a quelques mois dans l'assemblée de district de la Société de Cassel contre l'abus des boissons spiritueuses, le conte oriental suivant qui peint d'une façon spirituelle et excellente la découverte et la nature de l'alcool.

Un alchimiste arabe travaillait à la découverte de la pierre philosophale. Afin de pouvoir se livrer tout à fait tranquillement à ses recherches, il s'isola de sa femme et de ses enfants, et habitait un laboratoire qu'il s'était fait construire dans une partie tout à fait solitaire et silencieuse de son jardin. C'est là que sa femme lui apportait une fois par jour des aliments et de la boisson, dont il absorbait aussitôt, sans interrompre son travail, ce qui lui était nécessaire strictement pour soutenir sa vie. Pour ne pas éveiller les soupçons de sa femme au sujet de son appétit, il conservait ce qui en restait dans un coin de l'appartement. Au bout de quelque temps il remarqua qu'il s'échappait une odeur particulière de ces restes mis en état de fermentation. Il rechercha quelle était la matière fondamentale qui produisait cette odeur, et parvint après beancoup de peines à obtenir un produit distillé d'une action puissante et extraordinaire. Car elle pouvait procurer de nouvelles forces, augmenter celles qu'on possédait déjà, dissiper soucis et chagrins, inspirer de la joie et un nouveau courage, et rajeunir même ceux qui en goûtaient.

Dans la joie de son coeur, l'inventeur croyant avoir découvert la pierre philosophale, appela sa boisson AI Kool, c'est-à-dire le fin, le noble. Il en répandit ensuite la connaissance parmi les hommes, dans l'heureuse et ferme conviction de devenir un bienfaiteur apprécié de l'humanité, et d'ouvrir des temps nouveaux pour le bonheur et la joie de la vie.

Cette boisson fut accueillie volontiers par les hommes. Mais plus elle se répandait, plus il voyait avec effroi combien il s'était terriblement trompé, combien tous les bons effets espérés de la boisson se

dévoilaient comme mensonge et tromperie, combien l'augmentation des forces passait rapidement, augmentait la faiblesse et la somnolence, comment au sentiment du bonheur et de la délivrance des soucis succédait le sentiment de la misère avec un redoublement d'abattement.

Profondément troublé par cette action terrible, involontaire et imprévue de sa découverte, l'alchimiste regarda à la fenêtre de son laboratoire, et plongea ses regards dans une nuit de tempêtes et sans étoiles. Alors il entendit les mugissements du vent qui soufflait et emportait avec lui les victimes de sa boisson. Il entend leurs plaintes et leurs malédictions ; il voit leurs visages amaigris et perdus, il voit comment ils tendent vers lui leurs bras menaçants.

Alors un effroyable désespoir s'empare de lui, il se précipite audevant de ses mugissemenis, et il est emporté aussi dans un tourbillon avec l'immense cortège de ses victimes, éternellement jusqu'à la fin des jours.

(Extrait de l'Ami des Travailleurs par L. DUBOIS).

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Contenu textuel de l'image : Le docteur Osius racontait il y a quelques mois dans l'assemblée de district de la Société de Cassel contre l'abus des boissons spiritueuses, le conte oriental suivant qui peint d'une façon spirituelle et excellente la découverte et la nature de l'alcool.
Contenu textuel de l'image : Un alchimiste arabe travaillait à la découverte de la pierre philosophale. Afin de pouvoir se livrer tout à fait tranquillement à ses recherches, il s'isola de sa femme et de ses enfants, et habitait un laboratoire qu'il s'était fait construire dans une partie tout à fait solitaire et silencieuse de son jardin. C'est là que sa femme lui apportait une fois par jour des aliments et de la boisson, dont il absorbait aussitôt, sans interrompre son travail, ce qui lui était nécessaire strictement pour soutenir sa vie. Pour ne pas éveiller les soupçons de sa femme au sujet de son appétit, il conservait ce qui en restait dans un coin de l'appartement. Au bout de quelque temps il remarqua qu'il s'échappait une odeur particulière de ces restes mis en état de fermentation. Il rechercha quelle était la matière fondamentale qui produisait cette odeur, et parvint après beancoup de peines à obtenir un produit distillé d'une action puissante et extraordinaire. Car elle pouvait procurer de nouvelles forces, augmenter celles qu'on possédait déjà, dissiper soucis et chagrins, inspirer de la joie et un nouveau courage, et rajeunir même ceux qui en goûtaient.
Contenu textuel de l'image : Dans la joie de son coeur, l'inventeur croyant avoir découvert la pierre philosophale, appela sa boisson AI Kool, c'est-à-dire le fin, le noble. Il en répandit ensuite la connaissance parmi les hommes, dans l'heureuse et ferme conviction de devenir un bienfaiteur apprécié de l'humanité, et d'ouvrir des temps nouveaux pour le bonheur et la joie de la vie.
Contenu textuel de l'image : Cette boisson fut accueillie volontiers par les hommes. Mais plus elle se répandait, plus il voyait avec effroi combien il s'était terriblement trompé, combien tous les bons effets espérés de la boisson se
Contenu textuel de l'image : dévoilaient comme mensonge et tromperie, combien l'augmentation des forces passait rapidement, augmentait la faiblesse et la somnolence, comment au sentiment du bonheur et de la délivrance des soucis succédait le sentiment de la misère avec un redoublement d'abattement.
Contenu textuel de l'image : Profondément troublé par cette action terrible, involontaire et imprévue de sa découverte, l'alchimiste regarda à la fenêtre de son laboratoire, et plongea ses regards dans une nuit de tempêtes et sans étoiles. Alors il entendit les mugissements du vent qui soufflait et emportait avec lui les victimes de sa boisson. Il entend leurs plaintes et leurs malédictions ; il voit leurs visages amaigris et perdus, il voit comment ils tendent vers lui leurs bras menaçants.
Contenu textuel de l'image : Alors un effroyable désespoir s'empare de lui, il se précipite audevant de ses mugissemenis, et il est emporté aussi dans un tourbillon avec l'immense cortège de ses victimes, éternellement jusqu'à la fin des jours.
Contenu textuel de l'image : (Extrait de l'Ami des Travailleurs par L. DUBOIS).
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