description : Au 19e siècle, comme il y a des « cocottes », terme désignant des prostituées de luxe, qui se transforme parfois en « cocodettes », il y a des « cocodès », terme qui vise de jeunes dandys, ou gandins, fats et prétentieux, aux manières et aux tenues excentriques. Dès le premier numéro, la nouvelle feuille donne son humoristique signalement : « rédaction libre, but incertain, marche équivoque, nez long », précisant également que « Le Cocodès (le journal, pas des gandins, vaut dix centimes, deux sous. Vu les grandes chaleurs on verra à faire un rabais aux personnes obèses et une remise aux jeunes serins qui le dévoreront jusqu'au bout ». Plus loin est évoquée la place Bellecour dont les « verdoyants ombrages sont les confidents intimes de la vertu des Cocottes qui vont tous les soirs se vendre par submission [terme ancien voisin de soumission] au plus offrant et dernier enchérisseur. » Le journal possède son feuilleton, ses rubriques régulières (« Trombines et binettes », « Cascades et imbécilités »...) signées CaqueDrapeau, Saute-Ruisseau ou Gagne-Petit ». Dès son n°3 du 31 août 1865, il raille férocement et trivialement une nouvelle société financière qui vient de s'installer à Lyon, la Société générale pour favoriser le développement du commerce et de l'industrie en France, qui devient dans les colonnes du journal la « Société lyonnaise de dépôts d'huitres, de comptes-courants dont on a perdu la clé, et de crédit à l'usage des chevaliers d'industrie ». Elle est « autorisée par décret du Cocodès du 32 juillet 1865 » ; son capital est de « vingt millions représentés par des hypothèques sur les brouillards du Rhône et par des Terrains, Usines, Châteaux en Espagne » ; « les comptoirs sont ouverts la nuit comme le jour - entrée et sortie par derrière, en cas de besoin », etc., etc. La chose provoque un beau scandale et un procès intenté par la Société visée, contre le rédacteur et gérant Laguaite et contre les imprimeurs successifs Jaillet et Roux. Le premier à pris les devants et publié une excuse au public dans le numéro du 7 septembre (n°4 et dernier numéro), alors que « la rédaction entière » y est allée de sa « réparation d'honneur » qui frise l'excès quand elle clame : « Hommes honorables et puissants qui êtes à la tête de cette Société, ne dérogez pas de votre vie de justice, faites la part d'une erreur, faites fi d'une odieuse perfidie, par votre silence et par votre mépris, par votre silence et par votre mépris, comme nous le faisons par l'excuse envers vous, et la flétrissure contre l'infâme qui a déshonoré notre journal ». Le 30 septembre 1865, le tribunal correctionnel de Lyon n'en condamne pas moins Laguaite à dix mois de prison, alors que Jaillet et Roux le sont à un mois, avant tout pour « injures publiques et diffamation envers MM. Les administrateurs de la Société lyonnaise » et pour « outrage à la morale publique ou aux bonnes moeurs. » Dès le 1er octobre, parait « Le Tintamarre », feuille « rendant parfaitement idiot en vingt-quatre heures et paraissant tous les dimanches », dont le rédacteur en chef, gérant est J. Laguaite, l'imprimeur L. Jacquet, qui reprend la maquette et les rubriques du Cocodès... et n'aura, apparemment, qu'un seul numéro.
note : Hebdomadaire

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