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QU'EST-CE QUE LE MAGNÉTISME? 739 « Le 28 juin 1840, Madame Teste se plaignait d'éprouver un malaise indéfinissable, je l'endormis. Madame Teste, dont le sommeil magné- tique est ordinairement très-calme, s'émeut, se trouble, s'agite ; tout, son corps frissonne : et, tandis que sa main serre convulsivement la mienne, l'horreur et la souffrance se peignent sur sa physionomie. » 0 mon Dieu, mon Dieu, s'écrie-t-elle ! — Qu'est-ce ? lui dis-je, que vois-tu qui t'afflige? — Elle ne répond rien. Je t'en conjure, mon ami, me dit-elle enfin, cesse de m'interroger. — Eh ! pourquoi ? — Parce qu'il est toujours trop tôt d'apprendre un malheur. — Mais, si cette prévision peut fournir quelque moyen de l'éviter? — Non, non, c'est impossible. —Je te le demande à genoux, mon amie, dis-moi ce que tu as vu. — Eh bien!... écoute... Je vois.... Oh! qu'ai-je donc fait au ciel ! Je vois une grande maladie. — Pour lequel de nous deux ? pour moi? — Non, pour moi, grâce à Dieu. — Mais ce n'est pas tout...—Je vois mon agonie! —Et après, lui dis-je?— Après.... répéta-t-elle lentement.... Après, je ne vois rien.... Puis, quelques secondes plus lard, elle s'écrie d'une voix déchirante: Eveille-moi.... éveille-moi..., Alphonse, éveille-moi, car je me sens défaillir. — Dans la séance suivante, elle ajoute : Mon ami, ce ne sera pas seule- ment pendant une heure que nous aurons à souffrir, mais pendant toute une nuit. — Mais quand donc ? — Samedi prochain. — Samedi soir, à huit heures précises, j'aurai des convulsions, elles dureront jusqu'à neuf heures. —Et aiors? — Alors, je serai bien malade, — et, pendant la nuit, — je serai bien malade encore. — Auras-tu ta con- naissance ? — Non. — Jusqu'à quelle heure seras-tu ainsi ? — Jus- qu'au matin. — A six heures, tout sera fini. — Que veux-tu dire par là ? — J'entends qu'à six heures, j'irai mieux, ou bien.... C'est affreux ce que je vois. — Et dimanche, que vois-tu?—Je ne vois rien.— Et les jours suivants? — Rien, rien, éveille-moi. — Mais que faudra-t-H te faire?— Je te le dirai demain. — Rentrée dans la vie réelle,Ma- dame Teste ne conserve des émotions de son sommeil qu'une vague agitation.— Le 29, elle continuait à se porter passablement, La nuit suivante fut pour elle et pour moi une nuit d'insomnie. — J'avertis mes amis de ce qui m'arrivait.- les uns rirent de ma crédulité, les au- tres partagèrent mes appréhensions. — Le 30 juin, elle nous dit que rien au monde ne saurait conjurer lacrise,et que toute médication se- rait superflue jusqu'au samedi 4 juillet, jour décisif, —que ce jour, à neuf heures et demie du soir, on appliquerait deux sangsues sur la ré- gion du cœur, de huit à neuf, de la glace dans la bouche, de neuf à dix,