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630                  I)E LA oITL'ATIO:." ÉCONOMIQUE,

leurs problèmes mal étudiés et mal résolus. Nous avons eu la chute
bruyante dés industries appuyées sur l'agiotage et déjà ruinées ; nous
avons eu, par suite, la chute des vieilles organisations de crédit. Nous
avons eu l'explosion des préjugés et des passions du pauvre souffrant,
et la haine soufflée, dans les ateliers, contre les patrons, malheureux
autant que les salariés qui les accusaient ; nous avons eu, enfin, tous
les effets inévitables d'une transition brusque et violente.
    Mais aujourd'hui, les ruines sont déblayées ; les flots de poussière ne
sont plus soulevés ; la République est devenue un gouvernement
constitué régulièrement, et qui ne demande qu'à fonctionner suivant
les principes qui lui sont inhérents. Les partis, confiants dans le suf-
frage universel, ont renoncé au champ de bataille des rues. Les uto-
pies se sont retirées dans celui de la discussion. Les industries vivaces
et bien constituées se sont étendues sur le terrain qui leur a été aban-
donné par celles qui vivaient des abus du crédit. Le travail renaît de
toutes parts, provoqué par les besoins de la consommation. La con-
fiance se hasarde d'une façon encore timide ; mais les capitaux, de
jour en jour, s'enhardissent; car, non moins que le travail, ils re-
doutent le chômage. Le crédit est tout volontaire, et se refuse à la
contrainte ; mais, sur la base même de la liberté, naîtront des institu-
tions pour suppléer à l'insuffisance des organisations anciennes, et
mobiliser les capitaux au service de l'agricullure et de l'industrie. Le
 sentiment de la solidarité d'intérêts et de l'unité de fonctions s'établit
 entre le patron et l'ouvrier. Enfin, dépouillé des idées de violence, le
 Socialisme ne sera plus qu'une aspiration sans dangers, que le peuple
 contiendra dans les limites du praticable, et qui avertira les gouver-
 nants que leur mission est de réaliser ce praticable, aussitôt qu'il se
 révèle.
     Nous voyons bien où est le port; mais nous concevons les timi-
 dités, les hésitations, les retours en arrière qui nous empêchent d'y
 entrer à pleines voiles. L'œuvre du temps s'opère, il faut qu'elle s'a-
 chève. Nous sommes sous l'empire de l'inconnu ; ce n'est pas en un
 jour que nous nous y serons habitués, et que nous marcherons avec
 confiance sur ce terrain nouveau. Ne nous étonnons donc pas qu'au
 moindre bruit, le mouvement d'amélioration s'arrête. Comment en
  serait-il autrement, sons les clameurs de ces épouvanteurs systéma-
  tiques qui sèment de sinistres présages, comme des instruments de
  leurs passions politiques, afin d'ameuter la foule des trembleurs contre
  l'institution républicaine ?
      Ils crient à l'instabilité, et, dans leurs jours de sincérité, ils con-