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456               DE L'ORGANISATION     ADMINISTRATIVE

chacun pour former le faisceau social. La nation est donc la somme
des existences individuelles, égales en droit, sinon en force, en intelli-
gence et en lumières. Tout est dans la nation ; rien n'est au-dessus,
comme autrefois le roi, la noblesse et le clergé ; rien n'est au-dessous,
comme aux Etats-Unis, où la démocratie est souillée par l'esclavage.
    Et, de même qu'il y a dans l'homme une vie individuelle qui a son
caractère propre, ses phénomènes particuliers, sa destinée et son but,
 ainsi, dans cet être collectif que l'on nomme un peuple, il y a aussi
 une vie commune, un cœur qui bat des pulsations de tous, une âme
qui respire des sentiments de tous, et qui poursuit une destinée meil-
leure et progressive dans la voie de l'humanité.
    Comme l'homme, un peuple veut, agit et détermine les rapports
de l'acte à la volonté.
    La volonté souveraine se formule, dans la loi, par le Pouvoir lé-
gislatif.
    L'action réside dans le Pouvoir exécutif, et le Pouvoir judiciaire re-
présente la faculté de rapport de l'acte à la volonté souveraine.
    La direction de l'activité nationale vers le but social appartient
donc aux pouvoirs politiques : dans un ordre inférieur, les ressorts
administratifs font mouvoir les forces, rassemblent les moyens, dis-
sipent les résistances , et leur action combinée donne l'impulsion
gouvernementale sur toute la surface du pays.
    Mais la nation n'est pas une unité abstraite, une synthèse idéolo-
gique ; c'est un corps composé d'organes et de fonctions diverses,
 inégales.
    Il faut, par l'analyse, décomposer cet ensemble pour se rendre
 compte de l'ordre de relation, de la vie propre, de l'activité particulière
 de ces individualités.
    A la base, la famille se meut dans le cercle restreint du foyer do -
 mestique. Quelques familles se groupent autour d'un petit centre local ;
 des intérêts communs les attirent et les unissent ; les mœurs et les
 habitudes se façonnent sous l'influence de causes semblables.
    C'est déjà un petit état borné par un ruisseau ou un chemin vicinal.
 Elargissez le cercle, multipliez la combinaison des intérêts par le
 nombre des familles, et vous arrivez au canton. Agrandissez encore
la; série, vous monterez d'étage en étage du canton à l'arrondisse-
 ment, de l'arrondissement au département, et enfin, de l'Etat à
 l'unité.
    L'unité, c'est le gouvernement mis en action par les ressorts admi-
nistratifs de la centralisation.