page suivante »
HARMONIES ÉCONOMIQUES. 433 " désire et qu'elles satisfont mon cœur, mais parce que mon intelli- " gence leur donne un assentiment réfléchi » (1). A cette parole sympathique, je sens mon âme se rasséréner, mon cœur se dilater ; mon intelligence va au-devant du problème social avec le ferme espoir, non d'en trouver une solution absolue, mais d'entrevoir les voies laborieuses par lesquelles doit cheminer l'huma- nité, sous l'œil de la Providence, pour élargir de plus en plus le do- maine du bien, et défricher la jachère inféconde du mal. Dès la première page, M. Basliat a su gagner ma confiance. M. Proudhon, tout au contraire, me tient en garde contre lui-même. M. Proudhon, comme M. Bastiat, essaie la solution du problême social par la donnée économique. Pour l'auteur du Système des contradictions, la science économique est la forme objective et la réalisation de la métaphysique ; « c'est la « métaphysique en action, la métaphysique projetée sur le plan fuyant " de la durée ; et quiconque s'occupe des lois du travail et de l'é- « change est vraiment et spécialement métaphysicien. « Et il ajoute, comme conclusion, « la science économique est donc nécessairement « et tout à la fois une théorie des idées, une théologie naturelle et une « psychologie. » Il est facile de démêler la tendance matérialiste du dialecticien de l'athéisme. En posant, en principe, l'idée de Dieu comme une hypo- thèse gratuite, et le concept spiritualiste comme une illusion de l'homme, le logicien de la négation devait arriver à conclure que le problême de l'humanité résidait tout entier dans les lois du travail et de l'échange ; que là seulement était toute l'ontologie, toute la théodicée et toute la métaphysique. Dès les premiers pas, notre raison se refuse à marcher dans le cercle tracé par la main de M. Proudhon. Pour nous, comme pour tous les économistes qui ont scruté ces questions profondes du travail et de l'échange, l'idée de Dieu plane sur le monde moral et sur le monde physique. Mais le champ de l'économie publique est circonscrit dans l'étude des phénomènes secondaires de la production et de la consommation. La science économique touche à la morale et à la philosophie d'un côté, et à la politique de l'autre ; toutefois, pour concentrer le foyer d'investi- gation, elle s'attache spécialement à envisager les besoins de l'homme. (t) Harmonies économiques (rS5o), p, a3.