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                         DE L.V CONSTITUTION.                        425
dans la prééminence même des attributions. Dans les fonctions so-
ciales, le Pouvoir législatif est au Pouvoir exécutif ce que, dans l'in-
dividu, l'intelligence et la volonté sont à l'action, c'est-à-dire quelque
chose de bien plus noble et de supérieur par sa nature.
   Vient ensuite, dans l'ordre des délégations, le Pouvoir exécutif,
confié au Président de la République. C'est une magistrature élevée
et puissante, afin qu'elle soit en état de dignement représenter la
France et d'exécuter la volonté nationale. Ehianée directement des
suffrages populaires, elle est inférieure à la puissance législative, mais
non subordonnée. Elle l'eût été si, comme l'avait demandé la gauche
de l'Assemblée constituante, la nomination du Président de la Répu-
blique eût été attribuée à l'Assemblée législative. Môme encore au-
jourd'hui, nous pensons que les auteurs de la Constitution ont bien
fait de séparer des fonctions sociales très diverses, dont l'une est plus
haute que l'autre, mais qui ne sauraient être confondues. Nous voyons
bien les périls qui se sont manifestés, mais très certainement il en se-
rait surgi d'autres non moins graves, quoique d'une nature différente.
   Les Ministres sont, dans le système constitutionnel, un pouvoir in-
termédiaire entre l'Assemblée et le Président de la République. Ils
participent au Pouvoir législatif par le droit d'initiative et par celui
d'annuler en quelque sorte une loi votée, en requérant une seconde
délibération. Ils sont ensuite les instruments obligés de l'action exe-
cutive, puisqu'aucun acte n'est valable sans le contre-seing du mi-
nistre compétent. Réunis en conseil,ils composent la haute administra-
tion et pourvoient aux emploia élevés. Dans le conseil des Ministres, la
majorité peut prévaloir sur l'avis du Président. Le Président qui les
nomme est néanmoins soumis à une loi du Pouvoir législatif, loi non
encore portée, mais promise par la Constitution, laquelle doit fixer le
nombre et les attributions des Ministres.
   La question maintenant agitée est de savoir si, constitutionnelle-
ment, les Ministres doivent posséder l'approbation au moins tacite de
l'Assemblée, et s'ils doivent se retirer lorsqu'ils ont perdu la majorité.
Tant que les Ministres ont la confiance du Président, a dit fièrement
un journal de l'Elysée, ils n'éprouvent pas d'échecs. Mais, dès le len-
demain, un Ministre est venu désavouer cette forfanterie à la tribune,
et les flots parlementaires ne se sont appaisés que devant son humble
soumission. Aussitôt, le journal matamore qu'on disait contenir la
pensée intime du Président et même des articles écrits par lui, a été
renié comme l'œuvre imprudente et non approuvée d'amis compro-
mettants. La doctrine est donc encore dans le vague, quoique la créa-