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                              CHRONIQUE MUSICALE.                                   323
adresse ne vous sauveraient pas de l'écueil ; et vous auriez, de plus, perdu dans le
naufrage vos dernières ressources vocales. On vous tient compte, soyez-en sur, de
vos précieuses qualités, mais Lyon réfléchit et se rappelle avant déjuger. Or, nous
n'en sommes pas réduits au point que la comparaison vous soit bien favorable. Car,
quoique nous ayons présentement M. Duprat, nous n'avons pas encore oublié
Bettini !




           PREMIER CONCERT DU CERCLE MUSICAL.




    La jolie salle du quai St-Antoine était comble, samedi dernier, malgré une pluie
et lyonnaise et novembrielle. L'amour de la musique, joint à l'attrait du gratis,
n'avait sans doute point suffi à opérer ce miracle. Il s'agissait de vérifier si l'exécu-
tion tiendrait les promesses du programme. Car ce programme portait eu toutes
lettres : « Les concerts se composeront de morceaux de nature à satisfaire tous les
goûts, sous le rapport vocal et instrumental. » Or, sans être curieux, ce sont là de
ces choses qu'on aime à voir, ne fût-ce qu'une fois. Tous les goûts satisfaits ! Il n'est
fils de bonne mère qui, sur cette amorçante annonce, ne se soit mis gaîment en route,
pour voir comment le directeur réaliserait ce que le Tout-Puissant lui-même est
trop souvent forcé de s'avouer incapable de faire.
  L'ouverture d'Oberon a dignement commencé la solution du problême : ou, si
quelques auditeurs désiraient autre chose, c'étaient sûrement des goûts honteux,et
qui n'ont pas osé manifester leur désappointement.Cet orchestre,plus riche que d'or-
dinaire en instruments à corde, fait ressortir les pianos avec une suavité vraiment
merveilleuse, tout en les dessinant nets et perceptibles à l'oreille de l'assistant le
plus éloigné. C'est le propre exclusif des grandes masses Je rendre de tels effets ; là,
comme en tant d'autres occasions, la délicatesse n'appartient qu'à celui qui pourrait
au besoin déployer un excès de force.
   Nous ne ferons que mentionner un joli morceau du Prophète, que nous a révélé la
voix assez gracieuse mais par trop écolière d'un professeur de chant.
   Après un duo de violon et de piano, qui a eu du moins le mérite de rappeler les
plus belles inspirations de la Sonnambula, MUe Lavoye est venue chanter l'air : Bel
raggio luninghier, de la Semiramide. On ne peut contester le mérite de cette agréable