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200         DISCUSSIONS A L'ASSEMBLÉE DES REPRÉSENTANTS.

 voir, de se laisser juger, de se laisser comparer? Les exceptions d'in-
 compétence, qu'elles soient présentées à un tribunal ou à un peuple
 réussissent rarement aux accusés, M. Berryer doit le savoir, en sa qua-
 lité d'avocat. Aurait-il pensé que l'absence et l'obscurité égalisent le3
cliances des prétendants, quand il y en a plusieurs, parce que la nation
 ne peut pas les reconnaître, et que, dans la nuit de l'éloignement et de
 l'exil, tous les princes sont pareils ? Croirait-il qu'accepter les bienfaits
 de la République serait la reconnaître ; que, se résigner à vivre eD
 simple citoyen serait une abdication des droits héréditaires ? et qu'1'
 vaut mieux, pour eux, compter sur leurs droits que sur leurs mérites:
 ou bien, aurait-il pensé que les candidats les plus invraisemblable
pourront encore triompher par le suffrage universel, pourvu qu'ils ar-
 rivent à la dernière heure, et qu'ils ne soient pas connus par des ser-
 vices antérieurement rendus à leur pays ? Voilà ce qu'on se demande
 et ce qui fait dire par tous ceux qui voient avec peine les hommes s'a-
moindrir et les sophismes tenir lieu de sentiments, que M. Berryer!
dans l'intérêt de son influence et dans celui de la légitimité, aurait
 mieux fait de garder le silence.
    Pour notre compte, si la France n'avait pas commis une grand6
imprudence, et ne s'était pas créé un sujet de perpétuelle inquiétude!
en rappelant la famille impériale, nous aurions pu éprouver des crain-
tes sérieuses, dans la prévision d'une invasiou possible de candi-
dats royaux à la présidence de notre République. Mais, un inconve-
vient de plus ou de moins, deux prétendants au lieu d'un seul, ce
n'est pas quelque chose qui doive tant effrayer une nation, surtout
quand elle parait aimer, comme la nôtre, à mettre de l'imprévu dans
ses affaires. Nous comptons beaucoup aussi, nous l'avouons, sur ce
sentiment de lassitude, qui a déjà fait de grands progrès, et qui ga"
gnera bientôt tout le monde, à la vue de tous ces hommes, sans foi re"
publicaine, qui considèrent la République comme les saturnales pério-
diques de l'antiquité, et qui consentent à servir leur pays, comme leS
patriciens romains servaient leurs esclaves, une fois tous les ans, eB
comptant les heures et en songeant au lendemain. Le peuple frança'3'
nous n'en désespérons pas, finira par comprendre qu'un Préside*1
républicain est nécessaire pour diriger les affaires d'une république;6
il ne voudra pas qu'on dise, à propos de ses choix futurs, ce que Bau-
marchais disait des choix de la monarchie : pour la place de Présiden
de la République, il fallait un républicain, cefut.... un prince qui l'obtint'
                                                        J. BUY.
                                             LÉON BOITEL , gérant.