Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
 230                      NOTICE BIOGIUI'HIOUK
  effets d'une modestie par trop défiante. 11 s'entendait mieux à app'i'
  ([lier son savoir qu'à en faire parade ; et, dès la première séance du
  concours, il dut ^'arrêter, vaincu par une émotion que les encourage
  ments les plus flatteurs ne purent l'aider à maîtriser. L'étonnement
  fut extrême parmi ceux qui le connaissaient, qui appréciaient son mé-
  rite. Ce fut une sensation de stupéfaction, presque de désappointement,
  tant on avait compté sur le jeune candidat ! — Cette surprise fut uni-
 verselle ; et l'on croira aisément qu'elle ait presque changé cet échec en
 triomphe, quand je dirai que je l'ai retrouvée, parmi ses contempo-
 rains, au bout de vingt-cinq ans, encore aussi forte que le premier
 jour !
     Des antécédents aussi honorables, l'instruction variée et sûre, dont
 il avait fait preuve; le piquant et l'originalité de son esprit donnèrent
 bientôt à Bottex une consistance scientifique que des confrères plu*
 âgés eussent pu lui envier. Aussi, le choix qui le désigna, en 1830,
 comme médecin des aliénés à l'hospice de l'Antiquaille, ne rencontra
 qu'une approbation générale. Dès les premières années de son exer-
 cice, il montra, soit comme clinicien, soit comme professeur, ce qu'on
pouvait attendre de sa perspicacité et de son zèle. Plusieurs question»
 de médecine légale, une entr'autres , celle de monomanie homicide
 alléguée par la défense, firent voir de bonne heure que son jugement
si droit ne se fourvoierait jamais dans les sophismes d'une idéologie
complaisante. Tout en réservant, pour ces cas, la part d'une perver-
sion morbide réelle, il spécifia son caractère exceptionnel, sa rareté)
et posa nettement la différence qui sépare cet état, véritablement digBe
d'excuse , de l'effervescence qu'une passion coupable allume chez
l'homme le mieux doué des conditions de la liberté morale.
    A l'hôpital, dans son triste domaine, Bottex, si communicatif e t
causeur avec ses confrères, observait calme et grave, souvent silen--
cieux. Sans discuter avec ses malades, parfois, cependant, il lançai'
quelques-unes de ces attaques, de ces mots pleins de sens et de force
qui atteignent, au défaut de la cuirasse, la folie la plus raisonneuse.—'
Comme médecin proprement dit, il ordonnait peu, trop peu de remè"
des. Il aimait à temporiser, et ne s'en cachait pas, comptant plus sur
le régime , l'isolement et la persévérance des soins moraux pour
dompter une maladie où l'altération fonctionnelle des centres nerveux
est ordinairement la seule sur laquelle on ait prise.
    La réputation de bon praticien, que notre collègue avait si justeHieot
acquise, ne tarda pas à dépasser les portes de l'hôpital. Lorsqu'il fut
question d'aller observer, à Paris, le choléra, la Société de médecine